Conseil municipal : l’art d’endormir un Conseil municipal

Conseil municipal : l’art d’endormir un Conseil municipal

La scène qui suit, en tout point imaginaire, se passe quelque part en France, dans un bourg de moins de 3500 habitants. Selon la formule consacrée, toute ressemblance avec des personnages réels serait purement fortuite. Après tout, pourquoi la vie politique locale ne serait-elle pas un objet de fiction ?

« Pfffffff, il va encore falloir convoquer un Conseil Municipal ! » soupire le maire en se tournant vers la Directrice générale des services. Il en est à son quatrième mandat et son énergie en baisse lui rappelle le poids des ans. Stylo d’une main et agenda de l’autre, la fonctionnaire vient d’entrer dans son bureau pour le rappeler à ses obligations légales. « Monsieur le maire, on n’a pas encore réuni le Conseil ce trimestre. Sauf votre respect, il faut se dépêcher » risque-t-elle avec tact. Elle ne va tout de même pas lui apprendre son métier avec toute l’expérience qu’il a accumulée au fil de toutes ces années. 

Ce matin, comme de plus en plus souvent, le patron ne dissimule pas sa lassitude, au diable les efforts. Expliquer ses choix devant son conseil, et encore se justifier, répondre aux questions de l’opposition, donner l’impression qu’elle pourrait peser sur le cours des choses… Quelle barbe!  « Et d’ailleurs, à quoi bon débattre ! » se dit-il de plus en plus souvent. Le maire reste silencieux tout en rongeant son frein. La Directrice générale voit bien qu’il rumine. « Je suis le seul à connaître les dossiers jusque dans leurs moindres détails, se répète-t-il, en quoi mes adjoints pourraient-ils bien m’aider ? Même celui qui a la charge des finances ne sait pas comment j’ai obtenu une subvention pour rénover les vestiaires du stade ni son montant. » Et puis il y a ces gugusses de l’opposition, de plus en plus présente. « Ils sentent que je vais bientôt devoir passer la main, ces vautours. Tout juste bons à brasser de l’air et à fourrer leur nez là où on n’a pas besoin d’eux. Moi au moins j’agis, alors qu’eux, ils s’époumonent en racontant n’importe quoi dans la presse,  bien contLente de pouvoir faire des articles sur des polémiques qui n’existent pas. Ils oublient que je les ai largement battus aux dernières élections ! » «Tiens, j’ai une idée. Puisqu’il faut réunir le conseil, je vais leur mitonner un ordre du jour où je ne mettrai au vote que des questions financières, du genre lignes rectificatives au budget. Un peu plus d’argent sur la réfection des routes par-ci, un peu moins sur le projet de maison du troisième âge par-là, et hop, personne n’y pige rien, normal je leur ai rien donné pour qu’ils comprennent. On ne discute pas, et c’est plié en une heure ». Sa mine renfrognée des mauvais jours laisse place à un sourire malin que lui connaît bien la fonctionnaire. Il est en train de préparer un coup. « Bon, voilà ce qu’on va faire. Ordre du jour minimum, convocation du conseil dans une semaine, documents minimalistes envoyés trois jours avant, et tous les sujets qui pourraient fâcher, on n’en parle pas. On verra tout le reste en bureau du Conseil entre nous. Vont plus nous casser les pieds à vouloir débattre ces gugusses qui se prennent pour des opposants. Action ! »

Retour à la réalité

Tout ceci n’est qu’une fiction, bien entendu. Mais à y regarder de près, elle résonne comme tant de  situations qu’on retrouve dans de nombreuses municipalités dirigées par des maires en place depuis plusieurs mandats et qui concentrent tous les pouvoirs. Les Conseils municipaux de Groix n’échappent malheureusement pas à cette tendance. Ainsi le dernier du 8 juin dernier : un ordre du jour (1) conçu comme un relevé de décisions prises en bureau du Conseil entre le maire et ses adjoints, des projets non sans importance comme la rénovation des églises et des chapelles dont le budget est présenté comme une simple étape technique avant les demandes de subvention, idem pour la rénovation de la maison des douanes pour laquelle une ligne budgétaire est réservée aux services de cabinets d’études. « N’aurait-on pas pu étaler ces travaux sur plusieurs années compte tenu des 345.000 € de budget prévisionnel… en attendant les dépassements ? » s’interroge Victor Da Silva.  Rien de ce qui émane de l’opposition n’ébranle le maire ni son adjoint en charge de cette question. Les cloches de l’église seront, elles aussi, remises à neuf, décrochées, fondues, et remontées. « Elles sont fendues et menacent de quitter leur logement, tranche Thierry Bihan. Imaginez l’accident un jour d’enterrement où les familles attendent sur le parvis ». Sourire dans la salle. La majorité municipale voudrait transformer ce conseil en simple chambre d’enregistrement qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. 

Une information doit néanmoins être soulignée : le maire a demandé au Conseil de voter une résolution soutenant la demande de la directrice de l’école de la Trinité faite à l’Académie d’ouvrir une classe supplémentaire en maternelle, ce qui lui a été accordé à l’unanimité. Bonne nouvelle, car cela signifie que le nombre de jeunes couples s’installant sur l’île augmente. Et que donc son attractivité s’agrandit, malgré la pénurie de logements à l’année.Au grès des points inscrits à l’ordre du jour, l’assistance a appris :

– que la fibre téléphonique était attendue pour la fin de l’année, quand le câble reliant le continent à Groix sera posé,

– que la grue du port endommagée sera réparée moyennant un partage de la facture entre les utilisateurs-pêcheurs,

– que les bénévoles du Fifig installés au camping municipal bénéficieront cette année d’un demi-tarif.

Et le parking payant?

Il a donc fallu une fois encore attendre les questions diverses pour que le débat s’installe et pour que les conseillers, en l’occurrence d’opposition, participent à l’élaboration de la politique locale en nourrissant un débat constructif – et parfois musclé – avec le patron de l’exécutif.

Le sujet du parking de la gare maritime devenu payant est dans toutes les conversations groisillonnes. On aurait pu imaginer dès lors que le maire l’inscrive à l’ordre du jour. Etbien non, la charge en est revenue à l’opposition. Rappelons que la municipalité de Lorient à qui la gérance de ce parking a été déléguée par la Région, doit faire voter au sein de son conseil les tarifs de stationnement avant son ouverture, tarifs qui ont des conséquences sur la vie des Groisillons ; personne à Lorient et encore moins à Groix ne peut l’ignorer. Sa décision est donc très attendue sur l’île et mérite débat. Lors du conseil municipal lorientais du 27 mai, le maire, Fabrice Loher, a réservé sa réponse aux questions de son opposition, Lorient en commun, avançant que « des discussions étaient en cours avec le maire de Groix pour aménager des tarifs réservés aux Groisillons. »

« Où en êtes-vous des discussions ? » avons-nous donc questionné. La question est d’importance, et pour cause. Pour l’avoir demandé avec insistance, nous, à l’Avenir de Groix, savions depuis quelques temps qu’un abonnement réservé aux travailleurs pendulaires (lien) serait proposé à un tarif bas de 120 € par an, soit 10 € par mois. Depuis un an déjà, nous soutenions l’initiative des artisans de l’île qui réclamaient ce tarif spécial ainsi que des places réservées à ce type d’usagers. À la grande fureur du maire de Groix et de quelques-uns de ses adjoints (lien) pour qui rompre le silence dans lequel il préférait maintenir le délicat sujet de l’engorgement du parking de la gare maritime revenait à offrir sur un plateau la possibilité de le rendre payant. Erreur de sa part, ou ignorance de ses déclarations passées où il se disait persuadé que l’heure du payant viendrait. Il nous a semblé au contraire que soulever le problème qui était devenu crucial permettait d’ouvrir une phase de discussions au cours desquelles les intérêts des uns et des autres auraient été ménagés. Les faits nous ont donné raison : une première étape a été franchie favorablement puisque le tarif « pendulaire » a été créé et que des places seront désormais réservées aux abonnés. Une autre étape doit suivre, celle d’un tarif adapté au mode de vie insulaire.

Mais, pour la municipalité en place c’est déjà bien assez. Car à la question que nous avons posée sur l’avancée des discussions il nous a été répondu : « J’ai rencontré deux fois le maire de Lorient, a expliqué Dominique Yvon. Au début on parlait de 150€ par an. Une clause de revoyure est prévue pour octobre. Mais, on ne peut rien faire de plus. » Des tarifs spéciaux pour les insulaires ? La gratuité pour les îliens qui se rendent à Lorient pour des soins médicaux ? La navette gratuite depuis le parking de la place d’Armes ? « On ne peut rien faire, répond-il sans varier. Et puis sachez que je ne veux surtout pas entrer en guerre avec Lorient. » Et s’adressant à l’opposition, un brin menaçant : « Si vous continuez à faire monter la mayonnaise, on risque de tout perdre ! Notamment la gratuité du bus quand on débarque du bateau pour aller à la gare SNCF. C’est une faveur qui nous a été faite et rien ne dit qu’elle puisse durer. » En clair, ne bougez plus puisque « on ne peut rien faire ! », nous avons déjà obtenu bien assez de privilèges.

Victor Da Silva lui a répondu par une démonstration : « croyez-vous que si nous n’avions pas bougé par anticipation comme nous l’avons fait, nous aurions obtenu ce tarif très favorable pour les pendulaires ?C’est là la preuve que contrairement à ce que vous dites, l’action et la discussion paient. Nous continuerons donc à faire valoir notre point de vue, comptez sur nous. »

Il restait quelques questions diverses à expédier, puis à passer la parole au public, et lever la séance. Rendez-vous en septembre, ou peut-être en octobre, qui sait…

Autres questions diverses

Devenir du VVF

« Lors d’un précédent conseil municipal, des informations ont été données concernant d’éventuelles offres de rachat du VVF. Y-a-t-il à ce jour des éléments nouveaux qui permettraient d’avoir une vision claire du devenir du VVF ? »

Réponse : « Une étude est en cours, menée par la Caisse des dépôts et consignation. Nous attendons le rapport pour la fin juillet. L’opposition sera associée au rendu de l’étude. »

Conseil municipal des jeunes

« Lors de la campagne électorale pour les municipales, les deux listes en présence ont proposé l’une comme l’autre la mise en place d’un conseil municipal des jeunes. Lors de la dernière commission jeunesse, le sujet a été à nouveau évoqué par une adjointe. Y a-t-il un calendrier de mise en œuvre du projet ? »

Réponse : « Ce sera mis en place en janvier prochain »

Saison estivale

Des mesures particulières ont-elles été prises pour prévenir les incivilités, pour canaliser les comportements des cyclistes, pour maintenir un niveau de prévention sanitaire compatible avec la circulation du virus de la COVID-19 ?

Réponse : « Concernant les mesures sanitaires, elles sont conformes à la loi. Le feu d’artifice du t 14 juillet est supprimé. Par ailleurs, une vidéosurveillance a été mise en place sur le port, sur le parking des pêcheurs et sur la salle de sport. C’est efficace. »

Bonnes vacances à tous.

Jauge à 49 spectateurs au cinéma de Groix

Depuis le 21 juillet, le « pass sanitaire » est exigible pour toutes les salles rassemblant 50 spectateurs ou plus. Les cinémas peuvent continuer à accueillir du public sans « pass sanitaire » à la condition de limiter leur jauge à 49 spectateurs par salle.

Face à ces nouvelles dispositions imposées aux salles de spectacles, l’association cinéf’îles « a décidé de limiter sa jauge à 49 spectateurs » considérant notamment que ces dispositions aboutissaient, sinon, à faire un « tri sans rapport avec le cinéma ».

Parking de la gare maritime, 120 €/an pour les pendulaires. Et les Groisillons ?

À la lecture du panneau affichant les tarifs de la gare maritime, l’objectif de la municipalité de Lorient apparaît clairement : désengorger le parking de la gare maritime et repousser les usagers vers le parking de la place d’armes. Comment ? Parce que stationner à cet emplacement en période estivale est désormais cher, voire hors de prix si la durée de stationnement excède 4 jours. Les visiteurs de l’île sont clairement visés. L’alternative souhaitée par la municipalité lorientaise est de pousser les usagers à se garer au parking de la place d’Armes. Pourquoi pas, si l’option est attractive. Comparons donc les tarifs. 

Des tarifs à la semaine prohibitifs

La première heure de stationnement à la place d’Armes est gratuite contre 1,80 € à la gare maritime. Notons qu’une heure de stationnement pour quelqu’un qui se rend à Groix paraît bien court, et lui offrir une heure gratuite voire deux est ridicule. Même pas le temps de faire un aller et retour vers l’île. Trois heures à la place d’Armes coûtent 2,80 € contre 4,80 €, 12 heures à la place d’Armes coûtent 8,20 € contre 10 € à la gare maritime. Une semaine à la place d’Armes coûte 23 € (tarif spécial pour ceux qui se rendent à Groix) contre 50 € à la gare maritime. Pour cette durée et à ce tarif-là, le choix s’impose, d’autant que les horaires de bus de la ligne 112 reliant le parking de la place d’Armes à la gare maritime seront «aménagés en fonction des horaires de bateau » annonce la mairie de Lorient. Entendons l’argument, puisque Groix étant la seule île du Ponant à disposer d’un parking aussi près de l’embarquement, il faut gérer ce privilège qui connaît des limites. Mais alors pourquoi ne pas rendre la navette gratuite, comme elle l’est quand on vient de Groix pour aller à la gare SNCF ? Veut-on vraiment désengorger le parking de la gare maritime ou bien tirer quelques euros supplémentaires de la poche des visiteurs encombrés de leurs bagages ?

Le silence de la municipalité de Groix

Reste donc la question des Groisillons et des usagers pendulaires qui prennent le bateau chaque matin pour aller travailler sur l’île et le reprennent le soir dans l’autre sens. Si rien n’était prévu pour leur situation d’usager régulier, ils auraient à débourser 9,20 euros par jour, tarif prévu pour 10 heures de stationnement. Lors du conseil municipal de Lorient du 27 mai dernier, l’adjointe aux Transports, Laure Dechavanne, a assuré que des abonnements leur seront proposés et des places réservées aux abonnés. Ses propos ont été confirmés par le maire, Fabrice Loher, en séance. Mais à quel tarif ? À quelques heures du passage au payant, rien n’est affiché, publiquement en tout cas, ce qui en dit long sur l’intérêt que portent ceux qui nous gouvernent à la vie quotidienne de leurs administrés.

Selon nos informations recueillies à la mairie de Lorient, un abonnement sera proposé aux pendulaires pour un montant de 120 euros par an, soit 10 euros par mois. Des discussions ont eu lieu entre la mairie de Groix et la mairie de Lorient pour mettre au point des tarifs pour les autres usagers réguliers. Rien n’a filtré sur le résultat de ces discussions. 

Rappelons que les élus d’opposition réclament depuis plusieurs mois que des tarifs d’abonnement les plus bas possibles soient réservés aux Groisillons de manière à ne pas augmenter trop lourdement le coût du transport. Une demande qui a été relayée par les élus d’opposition du groupe Lorient en commun après concertation avec L’Avenir de Groix lors du conseil municipal lorientais du 27 mai dernier. Elle a été accueillie favorablement par le maire de Lorient. Rappelons également que nous demandons en outre que la gratuité du stationnement soit accordée aux usagers groisillons qui se déplacent pour des soins médicaux lourds, que des tarifs spéciaux soient étudiés pour les familles des îliens qui leur rendent visite plusieurs fois par an, et qu’enfin, cette grille tarifaire soit expérimentée durant un an, à l’issue duquel des ajustements seront opérés en concertation avec les usagers. 

Qu’en pense le maire de Groix ? A quelques heures de l’entrée en action des bornes de péage, nous n’en savons toujours rien…

Convocation au Conseil Municipal du 8 juillet 2021

Le prochain conseil municipal se tiendra le jeudi 8 juillet 202 à la Salle des fêtes à 17 heures

Ordre du jour

1 . Approbation du PV du CM du 14/04/2021

2 . Forfait communal

3. Subventions aux associations 2021

4. Opération maison des douanes (une opération de réhabilitation est envisagée pour un montant de 224 029.75 € TTC)

5 . Décision modificative n° 1 : budget principal et budget port

6 . Opération église et chapelles (budget envisagé 345 204.54 € TTC pour travaux d’entretien)

7 . Signature d’un acte notarié avec ENEDIS

8 . Demande d’ouverture d’une classe à l’école de la Trinité

9 . Facturation des frais de réparation de la grue du port

10. Adaptation de la grille tarifaire du camping

11 . Questions diverses

La séance est ouverte au public.