Notre humeur après le conseil du 15/12/21

« Quoi de neuf durant ce conseil du 15 décembre ? » avions-nous envie de dire à la sortie.  « Bah, tout est vieux… » aurions-nous pu répondre. En tout cas du « déjà-vu » dans la méthode et l’esprit. 

• Car comment qualifier autrement cette manière maintes fois utilisée d’expurger l’ordre du jour de toutes les questions stratégiques, où la comptabilité explique à elle seule les projets futurs ? Un exemple ? L’équipe de direction de la mairie a pris l’initiative de présenter au Conseil une projection budgétaire à cinq ans. C’est une bonne initiative, louable même puisque rien n’oblige une commune de moins de 3500 habitants à le faire. Mais hélas, il manque à cette projection quelque chose d’essentiel qui lui aurait donné le souffle d’un vrai projet d’avenir sur cinq ans, en l’occurrence un plan stratégique. Quel sens donner aux reconductions de lignes comptables si elles ne sont pas accompagnées de l’expression des projets futurs ? Par quoi la variation annuelle de la ligne budgétaire consacrée aux investissements est-elle motivée ? Par l’augmentation du coût des matériaux de construction des chantiers engagés ou par des travaux induits par la transition énergétique par exemple, ou par la dynamisation de l’activité économique ? Mystère, personne ne le dit. Quelle vision pour Groix ? Un exemple : des ateliers se sont déroulés sur une année avec  divers consultants, les représentants de l’Agglo, les bailleurs sociaux, l’architecte des bâtiments de France  sur la revitalisation du port et du bourg. Déboucheront-ils sur des projets concrets ? L’île sera-t-elle livrée au tourisme ou bien le flux sera-t-il maîtrisé et comment ? Y développera-t-on une économie capable d’attacher ses habitants de toutes générations à leur territoire ? Quelle place sera donnée à une transition énergétique juste, à la jeunesse ? Etc.

 Nous, élus d’opposition, avons posé ces questions sans qu’il nous soit sérieusement répondu. Sauf par quelques informations données par raccroc comme celle d’un projet de ferme solaire sur l’île qui, selon son promoteur offrirait l’autosuffisance énergétique. Un projet qui mériterait un vrai débat, des zones de captage d’eau destinée au réseau de distribution se trouvant sur les terrains agricoles convoités.

• Et puis il y eut les sempiternelles « DM » (décisions modificatives) du budget voté en début d’année et que l’adjoint aux finances égraine mécaniquement. Pourquoi tant de rectifications votées à chaque conseil municipal ? S’agit-il d’erreurs de saisie ou même d’erreurs comptables?  Il faudra bien un jour que cesse cette litanie, au risque que, si elle perdurait un peu trop, les élus et au-delà les citoyens, perdent confiance dans les budgets qu’on leur demande de voter quelques mois auparavant.

• Et puis il y eut aussi les informations importantes pour l’avenir des habitants et pourtant passées sous silence concernant en particulier l’actualité de l’Agglo, alors que l’occasion se présentait de les livrer à la population. Comme si nous n’étions pas dignes de savoir ce qui se décide à l’Agglo, pourtant partie prenante de tant de décisions locales. 

Explications.

Un point concernant le bilan de l’année 2020 de l’Agglo a été inscrit à l’ordre du jour. « Le document est à disposition à la mairie » a commenté le maire. Nous pensions raisonnablement qu’il aurait saisi l’occasion, en tant que seul représentant de la commune de Groix à siéger dans cette assemblée composée des 25 communes des environs de Lorient, de nous faire part du lancement en 2020 d’un ambitieux projet de territoire qui a abouti fin 2021. De l’avis même du président de l’Agglo et maire de Lorient Fabrice Loher « ce fut le premier acte fort du mandat. » Il poursuivait : « l’objectif est de structurer les actions de Lorient Agglo sur le long terme. C’est une feuille de route stratégique reposant sur trois piliers : l’attractivité économique, la transition écologique et l’aménagement du territoire ». Intéressant non ? C’est en gros ce qui devrait guider les réflexions des élus groisillons nous semble-t-il. Le maire de Groix en a-t-il partagé ces informations capitales avec son Conseil ? Non. Curieuse manière de faire fonctionner la démocratie locale.

Mais il y a encore plus regrettable. Car lors du vote en séance solennelle le 9 novembre 2021, Marc Boutruche, 3ème vice-président en charge de la coordination du projet s’est félicité de la démarche hautement collective qui a prévalu dans la préparation du projet : « Nous avons su collectivement revenir à l’essentiel, comment bien vivre au quotidien et le plus important, ensemble. ». Et de donner des chiffres : 1000 interventions différentes ont été collectées venant d’élus municipaux, d’acteurs sociaux économiques, de témoins citoyens. Et, cerise sur le gâteau, la dernière réunion de concertation avec des élus s’est tenue à Groix le 2 juillet 2021. Qui y a participé à Groix? En tous les cas pas les élus d’opposition qui n’y ont pas été invités. Et à notre connaissance, aucune publicité n’a été donnée à cette réunion pourtant toute symbolique, ni même au processus engagé. L’élaboration collective tant vantée à Lorient n’a pas traversé les Courreaux. 

Mais peut-être la majorité du Conseil craignait qu’en faisant état de ce projet, nous ne rappelions la position du groupe d’opposition à l’Agglo, le groupe « Terre et Mer » dont nous sommes proches. Ses orateurs se sont en effet élevés contre l’absence de hiérarchisation des objectifs du projet, contre l’absence de programmation pluriannuelle sans projection financière, donnant l’impression d’un relevé d’intentions sans engagement. Bref, pour le groupe Terre et Mer, ce projet voté par la majorité à laquelle appartient le représentant de Groix en la personne de son maire Dominique Yvon, ne permet pas aux citoyens de se projeter dans l’avenir, malgré les ambitions affichées. Voilà qui nous ramène à la manière dont la majorité du Conseil municipal de Groix présente ses projections financières sur les cinq années à venir.

Voilà donc ce que nous avons retenu de ce conseil dont, une fois n’est pas coutume, nous publions la chronique près de deux mois après sa tenue. Les fêtes de fin d’années sont passées par là, ainsi qu’un virus qui ne nous a pas épargnés.