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Article présentant le point de vue d’une personne ou d’une association, pas nécessairement affiliée à L’avenir de Groix.

Pistes cyclables à Groix: une occasion ratée

Précisions des élus de l’Avenir de Groix

Le texte qui suit est signé de François Baron. Comme toutes les tribunes que nous publions sur notre site, il n’engage que son auteur, notamment en ce qui concerne les chiffres avancés.

Néanmoins, ce texte appelle quelques commentaires de notre part. L’auteur écrit : « Ce choix des élus soulève donc de nombreuses questions et illustre un mode de fonctionnement en décalage avec l’évolution de la société ». Nous tenons à rappeler que lorsque, il y a un peu plus d’un an, en avril 2021, le maire a annoncé en conseil la mise en chantier du projet, nous avons proposé d’étendre les aménagements cyclables aux chemins qui le permettaient. Et ce alors qu’il venait de nous annoncer avoir obtenu une enveloppe de 500.000 euros supplémentaire, résultats d’un prix décerné à la commune de Groix pour « l’exemplarité de son projet cyclable » nous a-t-il dit. La réponse à notre proposition a été très évasive, et… sans suite. Nous nous sommes donc abstenus lors du vote du budget correspondant, justifiant notre vote par le manque d’ambition notamment sur le sujet des pistes cyclables.

Bref, ce choix n’est donc pas celui de tous les élus, mais celui de la majorité. 

Pistes cyclables à Groix, une occasion ratée

Les mobilités douces et actives (vélos, marche… ) sont à l’heure actuelle très prisées et c’est une bonne chose. 

Une bonne chose pour la planète ; moins de rejet de gaz carbonique

Une bonne chose pour la santé publique ; moins de pollution, de bruit et plus d’activité physique pour les pratiquants. 

C’est aussi moins de nuisance pour la faune et la flore (les rejets de CO2 et autres polluants affectent hélas l’ensemble du vivant).

C’est enfin un moyen de re-créer du lien avec la nature, avec son environnement et de soigner son pouvoir d’achat. 

 Loin d’un effet de mode, ces pratiques s’inscrivent dans un processus de transition qu’il est urgent de soutenir, d’encourager, voire de susciter. 

 Elles doivent donc s’appuyer parallèlement sur l’engagement personnel des usagers, sur l’adaptation des infrastructures collectives et sur un choix d’équipements techniques plus larges (assistance électrique, vélo cargo…).

Toutes ces conditions sont à l’heure actuelle facilement mobilisables.

Quant est-il à Groix ? 

 En réponse à un problème ponctuel et récurrent (une sur-fréquentation temporaire du réseau routier), la municipalité de Groix à engagée un gros chantier afin de réaliser des aménagements spécifiques et des nouvelles pistes, cyclables et piétonnes pour rejoindre les principales plages.

Au total, trois tronçons sont concernés pour environ 300.000 € du km. L’objectif prioritaire affiché est : « privilégier les déplacements doux, l’été et en direction des plages ».

Les habitants et les scolaires ne sont donc pas concernés !

La très forte augmentation de la circulation (et pas que des vélos !) durant la saison pose effectivement des problèmes ; de sécurité bien évidemment mais aussi de tension, d’exaspération entre les différents usagers de la chaussée. 

Ce choix des élus soulève donc de nombreuses questions et illustre un mode de fonctionnement en décalage avec l’évolution de la société :

Voilà un projet conçu et réalisé en très petit comité, sans aucune concertation préalable avec les habitants et présenté au public trois mois avant le démarrage des travaux … sans que celui-ci ne puisse y donner un avis constructif. 

 En faisant l’impasse sur une réflexion plus globale, sur la mobilité, sur les déplacements, sur le partage de la chaussée, on se prive d’une réelle ambition politique au risque là encore de produire beaucoup d’insatisfaction. 

 On peut juste rappeler que la réfection de l’ensemble du réseau routier vient à peine de se terminer et que là encore, tout s’est décidé de façon très confidentielle 

Une occasion ratée donc d’ouvrir un véritable espace de dialogue et de concertation entre élus et citoyens. D’y associer des acteurs extérieurs (élus, experts, associations…) déjà engagés sur ces questions de mobilité, et d’amorcer enfin sur l’île un processus vertueux de transition. 

 La mobilité est un des postes majeurs sur lequel on doit agir pour réussir la transition écologique et respecter les engagements sur la réduction des gaz à effet de serre. 

 Une des clés de réussite de cette transition, c’est l’adhésion, l’implication et le soutient des citoyens aux politiques et aux actions allant dans ce sens. Etant entendu que les simples éco-gestes individuels ne sont pas suffisants. 

La participation du plus grand nombre devient donc un véritable enjeu d’efficacité des politiques locales de transition. 

Les crises écologiques et démographiques actuelles nous obligent, à tous les niveaux, à changer bien des habitudes, à sortir de nos zones de confort et à envisager de nouvelles façons d’être et de faire.

L’avenir de la planète et les jeunes générations nous obligent aussi à agir concrètement et à rompre avec notre « ancien monde » qui hélas, n’a pas su prendre soin du vivant.

François Baron

Bla, bla bla à tous les niveaux

TRIBUNE, par François Baron

La lecture du tout récent dossier de presse Enedis/ Orange à propos de la pose du câble sous-marin entre Groix et le continent illustre bien la façon un peu sournoise qu’ont certaines institutions pour nous vendre leur récit.

Ces auteurs abusent en effet d’éléments de langage appropriés pour se positionner et apparaître comme des fervents acteurs de la lutte pour le climat.
« Transition écologique », « chantier respectueux de l’environnement », « démarche écologique globale », « urgence climatique », « réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre pour contribuer à la neutralité carbone », « chantier exemplaire en matière de biodiversité »… Toute la panoplie du bon communicant, spécial green washing est à l’œuvre !
Dans les faits, c’est moins évident.
Dans ce document, Enedis, l’entreprise publique qui a en charge la plus grosse partie du chantier avec la pose du câble électrique, vante surtout au delà de la modernisation de son offre, le fait que : « L’entreprise permet à chaque Français équipé (du compteur connecté) de devenir acteur de sa consommation d’électricité pour mieux la maîtriser ».
La technologie, rien que la technologie !
Pas un mot sur la sobriété et le changement nécessaire de nos modes de vie, pas un mot sur l’auto-production individuelle et /ou collective d’électricité (panneaux solaires…).

Intervention d'Enedis pour augmenter la puissance électrique disponible au Bourg.
Intervention d’Enedis (augmentation de puissance) au Bourg.

L’entreprise Orange qui s’occupe de la fibre optique avec un investissement plus modeste, indique que son projet permet un débit plus rapide et plus fiable de l’internet et promeut de nombreux usages et nouveaux accès.

Rien sur les risques d’addiction pour certains publics, rien sur les effets de surconsommation, rien sur les besoins énergétique des centres de stockage de données nécessaires à ces nouveaux usages…

Le maire de Groix se montre très enthousiaste. Grâce à ce chantier : « l’île passe au XXIe siècle ». Rien que ça !

Incontestablement, la fibre optique offre des avantages : elle est un atout pour certaines professions, peut contribuer à un développement de l’activité et peut aussi fixer quelques foyers à l’année. Mais comme toutes innovations, il y a aussi des aspects négatifs.
Dans son propos général, Dominique Yvon se montre particulièrement actif sur la cause écologique. L’exposé de ses actions est assez long sans être totalement convaincant : La politique de lutte contre le dérèglement climatique ainsi que le développement des énergies renouvelables sur l’île semblent pour le moins très confidentiels ; que dire des pistes cyclables prioritairement réalisées pour accéder aux plages et des aménagements routiers majoritairement en faveur des véhicules motorisés ?
Oui il y a quelque avancées sur le traitement de l’eau et des déchets, sur le classement de zones protégées… Pas vraiment de quoi engager une transition écologiste et volontariste.

Ces « discours » véhiculés par ces trois acteurs différents semblent malheureusement assez représentatifs et dominants dans les sphères politiques et économiques, et ce, jusqu’au plus haut sommet de l’état.
Ce que conforte d’ailleurs le rapport annuel de l’Autorité Environnementale publié ce mois-ci : « la transition écologique n’est pas amorcée en France ».

La question peut alors se poser : pourquoi cet affichage si biaisé, alors qu’on ne peut ignorer la gravité de la situation, de surcroît quand on est à ce niveau de responsabilité ?
Conservatisme, poids des habitudes et du court terme, sentiment d’impuissance et manque de vision face à un défi de cet ampleur, blocage, inadaptation et incapacité à se projeter face à la nouveauté, manque de leadership entraînant…. Sans doute un peu de tout et d’autre chose.
Quoiqu’il en soit, il n’est plus possible de se contenter de ce statu quo et de ces « belles paroles ».

Nous devons tous agir, changer nos modes de vie et de consommation, nous adapter aux limites de la planète, en conscience et solidairement avec l’ensemble du vivant.

Pour un moratoire sur le projet d’éoliennes offshore Groix-Belle-Île

TRIBUNE, par Pascale des Mazery, membre du collectif Horizon Groisillon

Le gouvernement a fait connaître le 21 mai sa décision sur le projet industriel d’éoliennes flottantes au large de Groix et de Belle-Île : il ouvre un « dialogue concurrentiel » pour le choix d’un industriel qui implantera 20 éoliennes de 260 mètres de haut dans une zone dont la limite Nord est située à 28 km de Groix et la limite Est à 15 km de Belle-Île. Une seconde tranche de 40 éoliennes sera par la suite attribuée sur un périmètre recouvrant la première zone tout en la prolongeant vers le Sud.

Le gouvernement a choisi de ne pas tenir compte des conclusions du débat conduit de juillet à décembre 2020 par la CNDP (Commission Nationale du Débat public), qui insistait dans son compte-rendu sur le caractère non consensuel du périmètre d’étude soumis à consultation, et sur la place accordée à l’impact paysager dans les avis exprimés par le public. Comme l’a souligné Chantal Jouanno, présidente de la CNDP, lors de la séance de restitution de la décision gouvernementale organisée le 27 mai, la découverte d’une sensibilité très importante aux questions paysagères constituait pourtant un des principaux enseignements du débat public, qui aurait par ailleurs dû permettre aux parties prenantes de s’exprimer sur l’opportunité même d’un tel projet au large de Groix et Belle-Île, ce qui n’a jamais été le cas.

La volonté de désamorcer la colère des pêcheurs en se calant sur un des périmètres privilégiés par la profession pour installer les éoliennes explique en partie cette décision, mais elle n’explique pas tout : les pêcheurs avaient également désigné des zones plus lointaines, qui n’ont pas été retenues. Le ministère de l’environnement souhaitait également satisfaire les industriels, auxquels il demande de présenter des offres respectant le prix plafond de 120 €/MWh pour le rachat de l’électricité par EDF, ce qui est plus facile lorsque les installations sont proches de la terre.

Un choix prioritairement économique

La décision du gouvernement fait finalement primer les considérations économiques sur toutes les autres considérations, y compris environnementales, son seul engagement étant de demander au lauréat de l’appel d’offres de poursuivre les études sur l’écosystème concomitamment à la mise en exploitation des éoliennes. Sur le plan économique, les retombées en emplois locaux sont pourtant apparues singulièrement hypothétiques lors de la réunion de restitution du 27 mai : il a été rappelé que le recours à du personnel local ne pouvait pas être imposé dans le cadre d’un appel d’offre conforme au droit européen, et que la maintenance pouvait aussi être assurée par des personnels de toutes nationalités –y compris extra-européenne- acheminés par bateau.

L’association Horizon Groisillon s’est constituée après l’ouverture du débat public sur les éoliennes de Bretagne Sud pour défendre des causes qui sont exposées dans son cahier d’acteur consultable sur internet (https://eolbretsud.debatpublic.fr/wp-content/uploads/EolBredSud-Cahierdacteur-14-Horizon-Groisillon.pdf) : défense de l’environnement, défense de l’horizon maritime, lutte contre les atteintes portées à des paysages exceptionnels, recouvrant plusieurs sites classés, et volonté de promouvoir une transition énergétique compatible avec ces préoccupations. Elle se bat contre certaines affirmations trompeuses, comme celle selon laquelle l’éolien maritime contribuerait à la lutte contre le réchauffement climatique : l’éolien contribue bien à la diversification du mix électrique français, mais pas à la réduction des émissions de carbone, car il se substitue en France à une énergie largement décarbonée.

La décision du 21 mai place les futures éoliennes flottantes à une distance minimale de 28 km des côtes groisillonnes, et non plus de 17 km comme c’était le cas dans le périmètre d’étude initial. Pour autant, les éoliennes resteront visibles sur la ligne d’horizon. Leur impact visuel ne sera pas celui des trois éoliennes « expérimentales » dont la mise en service, après de multiples vicissitudes, est désormais annoncé pour 2024 : ces dernières, situées à 15 km des côtes de Groix, paraîtront plus imposantes en taille au promeneur, mais le parc industriel aura une emprise sur l’horizon plus importante.

Les incohérences du projet

Il nous semble de ce fait indispensable de continuer notre combat, et de réclamer un éloignement maximal des côtes pour lequel nous ne manquons pas d’arguments. Le gouvernement n’a jamais voulu envisager une alternative à sa zone d’étude initiale au motif qu’une distance supérieure à 50 km imposerait un raccordement en courant continu, et non plus en courant alternatif, et que cette autre option serait économiquement inopportune pour un parc de 700 MW. Il est néanmoins prêt à l’envisager pour les parcs de 2000 MW qui d’après ses projections ceintureraient d’ici 10 ans les côtes bretonnes pour respecter la trajectoire tracée par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Dans le même temps, il s’apprête à dépenser 240 M€ en pure perte pour les trois éoliennes « pilotes » de Groix et Belle-Île, projet qui n’a plus rien d’expérimental puisque son calendrier percute désormais celui du parc industriel, sans permettre de retour d’expérience du prototype à la série.

Ces 240 M€ permettraient sans aucun doute de financer le surcoût que représenterait le déplacement du futur parc industriel à l’ouest de la zone choisie par le gouvernement au mépris des avis exprimés dans le cadre du débat public.

Solidaires de nos voisins de Belle-Île et de Quiberon, nous réclamons une interruption du dialogue concurrentiel lancé le 21 mai, et l’instauration d’un moratoire permettant de revoir l’économie du projet dans un sens respectueux des paysages et de l’environnement bretons.