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Pour un audit de l’Ehpad, il y a urgence

Ça ressemble à une lame de fond. Partout en France les personnels des Ehpad se mettent en grève, les uns après les autres. Du Nord au Sud de la France, de l’Est à l’Ouest, partout des salariés des Ehpad craquent, physiquement et moralement tant ils subissent de plein fouet le manque d’effectifs dû aux difficultés à trouver des remplaçants pour combler les absences de plus en plus nombreuses. Travail difficile qui abime les corps tout en réclamant un énorme investissement personnel. Partout la flambée du prix de l’énergie plombe les budgets, obligeant les élus locaux et les responsables des établissements à présenter des comptes en déficit. A quoi s’est ajouté une réforme récente de la fonction territoriale favorable aux personnels – et c’est heureux – mais pénalisante pour les comptes. « Pour combler le trou, a déclaré le maire de Groix lors du dernier conseil municipal, il faudrait augmenter la contribution des résidents de 580 euros par mois. » Impossible, quand le tarif moyen dépasse les 2000 euros mensuels. 

Et puis il y a l’Ehpad de Groix, « un privilège pour une commune de 2300 habitants » ainsi qu’aime à le rappeler le Maire de notre commune tout en exerçant une sorte de chantage sur le thème « ne vous plaignez pas au risque de faire disparaître l’établissement ». Mais pour le personnel, à les entendre, travailler dans cet l’établissement n’a rien d’un privilège. Pour mémoire, rappelons que dans les communes qui ont un CCAS (Conseil Communal d’action sociale) – ce qui est le cas à Groix – l’Ehpad est géré par le CCAS disposant d’un conseil d’administration présidé par le Maire de la commune. Autrement dit, le maire est un patron qui délégue la direction de l’établissement à un(e) directeur (trice). 

« On n’a pas le temps de lever tout le monde avant midi »

Et c’est ainsi que le 15 février 2024, une grève d’une journée a été déclenchée, libérant les plaintes comme déborde le lait sur le feu, d’un coup. Il fallait écouter ce jour-là les infirmières et les aides-soignantes qui se succédaient au micro décrire leur quotidien : « le sous-effectif conduit à la maltraitance des résidents» alerte une aide-soignante expliquant qu’à six personnes c’est tenable mais pas à quatre comme c’est le cas depuis le mois d’août.  « Certains jours nous n’avons pas le temps de lever tout le monde, on a même vu un résident rester dans son lit pendant quatre jours » déplore une autre.  « Les remplaçants sont difficiles à trouver faute de logements sur l’île ; et quand on en trouve, soit les candidats sont mal formés ou bien ils ne restent pas tant la gestion du personnel ici nous met sous pression ».  « On a même l’impression que la direction ne fait pas le nécessaire pour trouver du monde » ajoute une autre . Quant à la municipalité, elle n’arrange rien : « il n’y pas longtemps, rappelle une autre soignante croisée au cours de la manifestation, un couple dont le mari, compétent, voulait travailler à l’Ephad, s’est vu refuser par la mairie l’autorisation d’habiter sur leur bateau à quai au prétexte que le règlement du port l’interdit. » Une dérogation aurait pu être accordée compte tenu de l’urgence de la situation. « Nous n’avons aucun soutien de notre hiérarchie » affirme l’autre ; « le service s’est tellement dégradé que nous sommes devenues des robots du soin. » Quant au dialogue avec la hiérarchie il semble être à côté de la plaque. Un exemple ? « Si une aide-soignante refuse un horaire – qui au passage lui a été annoncé par voie d’affichage du jour au lendemain sans concertation – elle reçoit un SMS de la direction qui la somme d’accepter.  Quel manque d’empathie ! » Certains grévistes vont jusqu’à écrire sur une pancarte lors de la manifestation du 15 février « Management toxique » sans que personne n’y trouve à redire, qu’il soit salarié ou parent de résident qui évidemment souffre de cette gestion défaillante. 

« Le personnel n’est pas tire-au-flanc« 

Il y a donc urgence. Urgence à rétablir le dialogue entre les salariés et la hiérarchie, urgence à ne pas considérer que si le taux d’absentéisme est si élevé à l’Ehpad de Groix (26% ici contre 9% dans les autres Ehpad), ça n’est pas parce que les salariés sont des tire-au-flanc, mais parce que la souffrance au travail s’est installée de manière durable et intolérable. 

Pour toutes ces raisons, les élus que nous sommes réclamons un audit tant social que financier de l’établissement pris en charge par le département qui en a la compétence en tant que bailleur de fonds au côté de l’Etat et de l’Assurance maladie. Nous avons donc mandaté nos élus au Département pour qu’ils se fassent nos porte-parole au conseil départemental. Du rapport qui en sortira devront émerger des solutions qui mettront fin à cette situation dégradée, néfaste pour les salariés comme pour les résidents.

dominique yvon, maire de Groix, grosse fatigue

Voici le texte intégral d’un communiqué de presse que nous avons transmis au journal Ouest France du 20 avril 2023, en réponses à un article rapportant des propos choquants du maire de Groix, Dominique Yvon.

« Le coup de gueule de Dominique Yvon » titre Ouest France du 20 avril. A notre tour, élus d’opposition, de pousser un coup de gueule en réponse à des propos qui indignent la population. En quelques lignes, le maire de Groix réalise un amalgame manipulateur entre les manifestants contre la retraite à 64 ans, auxquels il ajoute ceux qui portent un jugement critique contre les pistes cyclables telles qu’elles sont réalisées et les tagueurs anti-résidences secondaires. Il y inclut en outre l’opposition municipale qui remet en cause sa stratégie budgétaire privilégiant les grands projets onéreux au détriment d’actions plus ciblées et urgentes en faveur des citoyens. Ainsi, il sème la confusion pour disqualifier toute contestation. « Le 49.3 est le prétexte pour m’emmerder » dit-il en substance. Vexé par les critiques – nombreuses – qui ne sont pourtant que le produit du fonctionnement normal d’une démocratie locale, il menace d’interrompre des projets d’utilité publique votés par le Conseil municipal, comme s’il pensait devoir punir une population qui a l’outrecuidance de s’exprimer sur ce qui ne lui convient pas. Si le maire de Groix s’estime « usé » et « trop âgé pour se faire disputer » ainsi qu’il le dit lui-même, qu’il se retire et aille se reposer plutôt que d’insulter ses concitoyens en les sommant de se tenir tranquilles sous peine d’être privés d’équipements. 

Fermeture des salles de reunion en soirée : les associations pas d’accord

C’est par un mail expéditif adressé le 18 février que le maire de Groix a annoncé aux 80 associations locales la désormais impossibilité de tenir leurs réunions au-delà de 20 heures dans les salles communales. Passée cette heure, les salles seront fermées et leurs utilisateurs priés de déguerpir. Et ce, tenez-vous bien, à effet quasi-immédiat, dès le 22 février. Cinq lignes pondues par « l’équipe municipale » – en réalité limitée à la majorité puisqu’aucun élu de l’opposition n’y a été associé – sans la moindre concertation avec les associations concernées au motif officiel de réaliser des économies d’électricité. Circulez, ceux qui travaillent ou qui sont occupés à leurs tâches familiales tout au long de la journée ne pourront plus participer à la vie associative. 

Quelle était donc l’urgence à prendre une telle décision qui provoque, au mieux l’incompréhension dans le monde associatif groisillon, et la colère chez ceux qui sont le plus touchés par l’oukase municipal ? 

La salle des fêtes chauffée de jour comme de nuit. Coût 80.000 €/an

La réponse est venue quelques jours plus tard lors d’une réunion organisée par le délégué à la vie associative. « La facture d’électricité communale explose de 128% cette année, nous devons faire des économies. » Bonne idée ! Dans la ligne de mire, la salle des fêtes qui abrite aussi la cantine scolaire, considérée comme la plus gourmande en électricité de la commune : 80.000 €par an pour la grande salle, 40.000 €pour la cantine. C’est effectivement beaucoup. Beaucoup trop ? Sans doute, mais alors pourquoi ne pas commencer par analyser les causes de cette gabegie à commencer par le chauffage qui fonctionne de jour comme de nuit ? A défaut les associations seraient fondées à penser qu’elles servent de bouc émissaire de la politique de restriction.  Car, comme l’ont fait remarquer les représentants des associations unanimes « le système de régulation est défaillant ». Pourquoi en effet le bouton-poussoir archaïque qui déclenche 1 heure de chauffage à l’origine de tant de fausses manœuvres n’a-t-il pas été remplacé par un programmateur performant qui se déclencherait quand la salle est occupée et qui maintiendrait une température au minimum le reste du temps, notamment la nuit ? Réponse embarrassée du délégué : « C’est compliqué ». Et d’ailleurs a-t-on réellement chiffré l’économie que représentera la fermeture des salles à 20 heures  au regard des 80.000 € annuels payés en électricité par la commune ? Silence gêné du délégué aux associations qui a fini par lâcher un « non » dépité. « Et pourquoi n’a-t-on pas investi plutôt dans l’auto-production des équipements communaux en installant les panneaux solaires sur les toits partout où c’est possible? » a-t-on entendu dans l’assistance. « C’est en cours » a répondu le représentant du maire, oubliant que l’alerte aux augmentations des prix de l’électricité date de septembre dernier, et qu’à cette occasion un séminaire municipal a été organisé le 12 décembre dernier pour réfléchir aux solutions sans qu’un grand plan d’investissement de production d’énergie n’en sorte. N’y-avait-il pas encore urgence ?

En réalité, à toutes ces questions remettant poliment mais fermement en cause la décision brutale de « l’équipe municipale », le délégué aux associations a eu bien du mal à répondre. Il lui a même fallu puiser dans le récit d’un incident qui a vu le réglage du thermostat de la salle des fêtes modifié par un coup de tournevis pour justifier la mise en cause des associations dans la consommation excessive d’électricité. Comme s’il fallait faire supporter à tous les conséquences de l’action d’un seul. Une sorte de punition collective en quelque sorte.

Une atteinte à la liberté de réunion

Bref, les arguments manquent pour justifier de priver les associations de lieux de réunion après 20 heures, alors qu’à l’évidence rien n’a été mis en œuvre au préalable avant de renvoyer chez eux ceux qui maintiennent – coûte que coûte – le lien social. Car il en va bien sûr de la sauvegarde de l’action des associations, si fondamentale sur une île comme Groix. « Plus qu’ailleurs, où l’accès à la culture, au sport, ou même au divertissement est plus facile, ici, la vie associative est importante » a formulé un participant. Elle est même fragile tant elle repose sur le bénévolat. Le maire et ses délégués l’auraient-il oublié ? Priver les associations de possibilités de retrouver leurs adhérents après 20 heures est une atteinte à la liberté de réunion, c’est aussi simple que cela. Les associations groisillonnes sont bien évidemment conscientes de la nécessité de limiter les dépenses d’énergie. Certaines sont même prêtes à se passer de chauffage pendant leurs  actiivités. Mais elles n’acceptent pas d’être une variable d’ajustement avant même que des solutions techniques n’aient été mises en œuvre pour réguler efficacement le chauffage des locaux. « Il y a urgence » nous dit-on. Mais alors pourquoi n’avoir rien fait depuis le mois de septembre dernier ? Au passage, les associations ont appris qu’elles pourraient bientôt payer l’occupation des salles municipales, au nom de la recherche d’économie. Nous y reviendrons plus tard. 

A l’issue de la réunion, le délégué aux associations a assuré les participants qui les avaient « écouté » et qu’il transmettrait. Ont-elles été entendues ? On attend les propositions des décideurs.

La justice tranche la triste affaire de la rue du Large

Il se passe de drôles de choses à Groix, sans que la presse locale n’en rende compte. Ici, quelques jours avant Noël, on convoque à la gendarmerie une septuagénaire et un octogénaire pour leur infliger un interrogatoire musclé comme s’il s’agissait de délinquants ordinaires. Leur délit ? Avoir déplacé – il est vrai sans trop de précautions – une table de jardin, des pots de fleurs, une corde et quelques piquets en bois qui les empêchait d’emprunter l’étroite rue du Large à Locmaria. Ce qui leur a valu une plainte pour vol déposée par la propriétaire de ce bric-à-brac qui avait filmé la scène à l’aide d’une caméra de surveillance installée derrière ses fenêtres. On croit rêver : la force publique se met en branle pour quelques piquets en bois disparus… et retrouvés plus tard dans sur un terrain voisin appartenant à la personne qui a porté plainte ! 

Mais voilà, cette histoire a des racines profondes. En effet, dans le haut de cette rue qui relie la rue Tromor à celle du Liaker, se joue depuis trois ans un conflit qui est en réalité le produit d’une accumulation d’erreurs administratives. Au fil des mois, sous le regard désinvolte des autorités municipales qui n’ignoraient rien du caractère explosif de la situation, une histoire digne d’un théâtre de Guignol s’est construite. A la longue, elle a fini par empoisonner tout le quartier. 

Il y a trois ans donc, une habitante du haut de la rue s’est mise en tête de revendiquer la propriété d’un espace situé devant chez elle, excédée de l’occupation du lieu par trop de voitures. Problème, l’espace en question se confond avec la rue, une voie publique en réalité. Mais sûre de son bon droit, elle s’est appuyé sur un acte notarié lui attribuant une parcelle empiétant sur la rue Large. Moyennant quoi, pour marquer sa propriété, elle a purement et simplement barré la rue l’aide de palettes, empêchant les riverains de circuler d’une extrémité à l’autre de la rue pour vaquer à leurs occupations.

Le ton est très vite monté entre voisins qui ne l’entendaient pas de cette oreille. Au point qu’une plainte a été déposée suivie d’un procès lui contestant la propriété de cet espace. La justice a tranché : le bout de terrain qu’elle revendiquait ne lui appartient pas, car il est apparu qu’une erreur s’était glissée dans le cadastre lors d’un remaniement cadastral dans les années 70, erreur entérinée un peu légèrement (et même sans justification légale) par un adjoint au maire de l’époque, mais qu’aucun acte notarié n’avait confirmé. Pis encore, l’espace en question est bien une voie publique est doit donc être laissée libre à la circulation. La mémoire collective était donc fidèle, cette rue avait toujours servi à relier la rue du Tromor à celle de Liaker. 

Une barricade bloque la voie publique

Mais alors pourquoi cette habitante a-t-elle campé avec autant d’énergie sur sa position ? En réalité, parce que, prudente, en juillet 2019, elle a sollicité la mairie pour obtenir une autorisation d’ériger à cette endroit une barrière de 3 mètres de long et haute de 90 centimètres équipée d’un portillon. Ce à quoi il lui est répondu par un arrêté du l9 juillet 2019 signé d’un adjoint au maire que « compte tenu de conflit majeur avec le voisinage que le projet risque de provoquer », un « sursis à statuer » valable deux ans est prononcé. Autrement dit, l’adjoint au maire a flairé l’embrouille, et n’a provisoirement pas donné son accord.

De barrière il n’y a donc pas eu. Mais à la place, c’est une barricade qui a été érigée à l’aide de palettes. Et qui fit la mairie qui pourtant avait publié un arrêté on ne peut plus clair au regard de l’ordre public ? Rien, tolérant une barricade, malgré les protestations des riverains, pas plus après le jugement du tribunal qu’avant . Il a fallu attendre deux ans pour qu’une pétition signée de trois cents personnes issues de tous les villages de l’île s’appuyant et réclamant le libre passage atterrisse sur le bureau du maire pour que ce dernier dépêche le policier municipal accompagné des gendarmes afin de lever le barrage. Furieuse, l’habitante déboutée a réduit le passage à son strict minimum à l’aide de la fameuse table de jardin et de quelques pots de fleurs, déclenchant ainsi la mauvaise humeur de ses voisins et leur intervention un peu brutale qui a eu comme conséquence la plainte pour vol. 

Une perquisition pour un pied de table disparu

Dès le lendemain du dépôt de plainte pour vol, les gendarmes, décidemment très réactifs, ont débarqué au domicile des personnes concernées pour fouiller leur maison à la recherche d’indices matérialisant le vol, un bout de bois, un pied de chaise, qu’importe. La fouille s’est en fait déroulée sans mandat, ce que les gendarmes ont couvert en faisant signer une autorisation de fouille après la visite des lieux à des personnes âgées vulnérables sous le choc d’une telle descente de police. Bredouilles, leur chef a demandé aux deux personnes de se rendre à la gendarmerie le lendemain. Là, le grand jeu a commencé, laissant les deux « suspects » choqués et angoissés.

Les forces de l’ordre ont-elles usé de moyens proportionnés pour mener leur enquête pour un peu de mobilier malmené ? A l’évidence non. Quelles consignes ont-elles reçues de la justice à qui la plainte a été adressée pour traiter ainsi des personnes âgées et fragiles ? Mystère. Aux autorités locales de nous apporter la réponse. 

Cette histoire aurait pu tenir en quelques lignes : une erreur de transcription de cadastre suivi d’un abus de pouvoir d’un adjoint au maire ont conduit une habitante à revendiquer la propriété d’un espace qui en réalité est public. Les autorités locales interpelées flairent un possible et grave conflit de voisinage, mais n’interviennent pas face au coup de force de l’habitante. La justice tranche sans que les autorités locales ne se soucient de faire appliquer la décision. Et c’est ainsi qu’au summum de la crise des gendarmes intimident des voisins réclamant le rétablissement de leurs droits, usant de méthode peu adaptée à la situation et à l’âge des personnes concernées. Une banale histoire de voisinage ? Un fait divers clochemerlesque qui ne mériterait pas deux lignes dans un journal local? Non, un scandale de la vie communale où l’on peut barrer une voie publique pour se l’approprier sans que le maire ne s’en émeuve malgré la connaissance qu’il avait du caractère publique de la rue, ce que souligne un peu plus encore la décision de la Cour d’Appel du 24 janvier dernier confirmant le jugement de premier instance : la rue Large devra être totalement libre au plus tard à la fin du mois de février. A la date du 4 mars 2022, date à laquelle ces lignes sont écrites, elle l’est. Il fallait que ce soit dit et écrit, nous le faisons.

Reste que la spirale de tensions physiques et psychologiques dans laquelle se sont trouvés précipités les habitants de cette rue du Large est désastreuse. D’un côté, une personne sûre de son bon droit, bien que contesté par la justice, use de méthodes agressives pour intimider ses voisins, de l’autre lesdits voisins qui parfois perdent patience et font voler des noms d’oiseau et qui vivent désormais dans l’angoisse de poursuites pénales, bien qu’ils aient reçu des assurances du maire sur l’absence de suites. Voilà comment naissent les conflits de territoires. D’autres lieux sont l’objet de conflits identiques à travers l’île, produit d’un mode de vie ancestrale où la solidarité et le dialogue entre voisins étaient la règle. Pour qu’une telle triste guignolade ne se reproduise pas, nos autorités seraient bien inspirées de s’en saisir au plus vite, à la différence de ce qui s’est passé rue du Large.

Le maire voudrait-il bâillonner l’opposition ?

C’est devenu une habitude, la colère du maire se déchaîne dès que l’opposition exprime publiquement ses désaccords. Après un premier round en fin de conseil le 15 décembre dernier, une nouvelle salve a été lancée contre l’opposition ce jeudi 18 mars. Mais cette fois des injures ont accompagné les décibels.

« Indigne », « minable », a-t-il lancé en direction de l’opposition pour fustiger ses prises de position lors de la poussée de Covid-19 sur l’île. Notre crime ? Avoir écrit qu’en la matière, la communication de la mairie était défaillante, ce que de nombreux habitants rencontrés nous disaient. Et ce, alors que des dispositions sanitaires adéquates avaient été prises par la mairie. Pour lui, diffuser les informations officielles sur la réalité de la situation comme nous l’avons fait alors que le silence de la mairie semait l’angoisse n’est que « médiocre » tentative pour l’opposition de se « faire mousser » et “faire du gras”, alors que nous accomplissions simplement notre rôle d’élus responsables.

Nous le répétons : il ne peut y avoir de politique de santé publique efficace sans information claire et rapide de la population. Les premières annonces de nombreux cas de Covid détectés à l’Ehpad au début du mois de février ont semé l’inquiétude sur l’île. Et l’annonce brutale de la fermeture du Pôle enfance et de la cantine quelques jours plus tard sans explications publiques ni soutien moral à la population groisillonne autres que quelques mots lâchés à la presse locale a augmenté le stress. Nos explications ont contribué à enrayer la panique naissante. Contrairement à ce que proclame le maire en nous insultant, nous n’avons pas trahi une quelconque solidarité face à la crise sanitaire. Bien au contraire, nous l’avons renforcée en comblant les défaillances de sa communication de crise.

Prendre la parole en toute liberté, voilà sans doute notre plus grand crime. Il va falloir que la municipalité s’y habitue : dans l’intérêt de la population, nous agirons à l’identique dès que l’occasion s’en présentera, quitte à recevoir des injures en guise de remerciements pour avoir contribué à l’action publique. Les injures s’envolent quand les actes restent.

Les élus de l’opposition

Expérimentation déchèterie : mais pourquoi Groix ?

Nous l’avons appris par un petit dépliant glissé dans nos boîtes aux lettres : Groix devient le territoire d’une nouvelle expérience de Lorient agglomération. Que l’on ne s’y trompe pas, en tant que scientifique, je ne suis pas contre les expérimentations. De même qu’il serait difficile de nier l’intérêt de certains objectifs annoncés tels que “améliorer la fluidité” et la sécurité des usagers.
Mais franchement, vous auriez choisi… vous… un territoire insulaire au coût de transport prohibitif pour expérimenter un dispositif visant à « mieux maîtriser les coûts, en réservant l’accès uniquement aux habitants » ?

Quand le Maire de Groix applique le programme électoral de l’opposition

Bravo Monsieur le Maire. En lisant Ouest France ce samedi 9 janvier 2021, nous avons eu la grande satisfaction de découvrir que vous preniez le sujet du logement des jeunes à bras le corps. Vous le dites, ce que vous entreprenez aujourd’hui est conforme à vos engagements de campagne. Vous aviez promis effectivement de vous en saisir, c’est exact. Mais de quelle manière ? Était-ce conforme à ce que vous annoncez aujourd’hui ? Pas exactement. Petit retour en arrière.

Lorsque le collectif Ressac qui portait les demandes des jeunes en matière de logement sur l’île vous interpelait, vous lui répondiez que vous avez déjà fait beaucoup. Dans la dernière version de votre programme électoral, vous rappeliez que « la commune a déjà vendu 4 parcelles communales à Kimitété pour permettre à des jeunes de construire au prix de 70 € le m². » Et puis, grand seigneur, vous précisiez à une journaliste de Mediapart venue « couvrir » la campagne à destination des jeunes minés par le mal-logement « Qu’ils viennent me voir, on trouvera des solutions ». Une fois encore, vous privilégiez les solutions clientélistes aux réponses politiques.

Des solutions innovantes dans notre programme

En puisant dans nos souvenirs, nous nous rappelons aussi un débat public organisé à l’improviste par le collectif Ressac sur le marché de Groix un samedi matin de campagne électorale. Nous vous avions expliqué que vendre des terrains même à bas prix ne permettait pas de baisser suffisamment le prix global de la construction, et qu’à l’exemple d’autres communes bretonnes confrontées au problème du logement en zone touristique, nous pouvions être plus audacieux. Nous vous avions expliqué ce que notre programme envisageait, à savoir la mise à disposition de terrain à de futurs jeunes propriétaires de maisons, loués sous un bail emphytéotique (99 ans) par l’intermédiaire d’offices fonciers solidaires. 

Or, qu’annoncez-vous dans Ouest France ? « Nous sommes en contact avec le bailleur social L’Aiguillon pour créer un office foncier solidaire. L’idée c’est que les personnes deviennent propriétaires de la maison mais pas du terrain, explique l’édile. Le coût d’acquisition est réduit considérablement, et pour la construction la TVA baisse à 5 %. Ces maisons peuvent ensuite être revendues bien sûr, mais seulement pour de la résidence principale, ce qui freine la spéculation. »

Alors bravo Monsieur le Maire. Bravo pour avoir bien lu notre programme électoral. Bravo pour avoir su écouter votre opposition, au point de changer de point de vue et mettre en œuvre ce qu’elle proposait dans la campagne. C’est dire si elle y voyait clair et qu’elle avait su  écouter les électeurs tout en s’inspirant d’expériences existant ailleurs. Mais alors pourquoi avoir, à l’époque, balayé nos propositions d’un revers de main méprisant ? En nous répondant qu’on ne savait pas de quoi on parlait, et que, comme nous n’habitions pas Groix depuis 50 ans, nous n’étions pas légitimes pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent aux Groisillons ? Vraiment bravo pour avoir opportunément su changer d’avis. Nous nous en réjouissons, sans rancune ni amertume.

Ne vous arrêtez pas en si bon chemin, copiez sans modération…

Mais pour vous prouver que nous sommes de grands démocrates qui œuvrons pour le bien de tous, nous vous suggérons de ne pas vous arrêter en si bon chemin dans la mise en œuvre de nos propositions. Encore, puisez encore Monsieur le maire dans nos propositions. Vous voulez deux idées dont vous devriez vous saisir ? Les voici.

  • Lors du Conseil municipal de septembre, nous avons proposé la création d’un groupe de travail commun majorité/opposition sur la prochaine DSP (délégation de service public) de la Compagnie Océane. « Pourquoi pas » nous avez-vous répondu avant d’ajouter votre phrase censée résoudre toutes les difficultés: « on verra ». Et depuis, rien. Vous avez purement et simplement enterré notre offre de service. Allez, un peu de courage Monsieur le Maire, écoutez-nous une fois encore, nous avons de bonnes idées.
  • Lors du Conseil municipal de décembre, à propos du projet d’implantation d’un parc de 60 éoliennes au large de notre île, nous avons proposé l’organisation d’une « consultation pour avis de citoyens » afin d’éclairer une délibération du Conseil qui ne manquera pas d’arriver. « Pourquoi faire on ne nous a rien demandé. La majorité ne fera rien de tel, mais si vous organisez un débat nous mettrons une salle à votre disposition ! » nous avez-vous répondu en nous renvoyant dans les cordes. Allez Monsieur le Maire, prenez encore une fois votre courage à deux mains en reconnaissant que les propositions d’avenir viennent de votre opposition que vous regardez de haut et étudiez avec nous cette consultation afin de l’organiser. Ça vous énerve sans doute de le reconnaître, mais c’est dans l’intérêt de tous. Car les bonnes idées et les bons projets sont toujours des exemples à étudier, d’où qu’ils viennent. 

Si, dans ces deux occasions, vous nous suivez, nous vous dirons encore une fois « Bravo Monsieur le Maire ». Et nous serons ravis de vous avoir servi de boîte à idées, à défaut d’avoir été élus pour donner corps nous-même à notre programme. Ce sera sans rancune et dans un bel esprit républicain.

Et si à l’avenir vous manquez d’idée, lisez et relisez notre programme électoral. Nous y avions mis beaucoup de compétences, de connaissances et d’expériences venues d’ailleurs. Du sérieux et de l’audace en quelque sorte.

La machine à remonter le temps de la mairie

Dans l’article du 8 décembre nous déplorions que le conseil se tienne « sans public », selon la formulation qui figurait sur le site de la mairie dans un article daté du 5 décembre.

Et puis aujourd’hui… surprise ! ce même article du 5 décembre, dont la date d’édition n’a pas été modifiée et qui ne porte aucune mention de la date de modification dans le corps de l’article, indique finalement que « le public est autorisé à y assister dans la limite de 30 personnes ».

Il semblerait, d’après l’information fournie à certains conseillers, que le préfet n’aurait donné son autorisation que la veille. Alors pourquoi faire croire sur le site de la mairie que la population était avertie de cette opportunité depuis 10 jours, alors que seuls quelques initiés auront été prévenus au dernier moment ? Lesquels ? Comment ? Mystère…

Vers où voguez-vous ainsi ?

D’inaction en réactions, la rétraction des droits continue, la liberté d’aller, la liberté de commercer. Ainsi de décret en décret, d’ajustements en injustices, de mirages en cauchemars, de vessies en lanternes et, pour finir, de Charybde en Scylla, Ubu Roi mène la barque tel Charon, le nocher des enfers, répétant inlassablement son antienne mortifère.

Vous êtes dans la barque avec moi
Et tout ira bien car Je suis là.
Dormez bonnes gens !
Ne jetez pas de regards concupiscents
Sur les livres, les jeux, les vêtements.
Dormez, bonnes gens !
Avec les deux oboles en guise d’œillères,
Pesant sur vos paupières,
Vous ne risquez rien,
Vous êtes en de bonnes mains.
Dormez bonnes gens !
Inutile de regarder ailleurs,
Le bonheur est un leurre,
Ne laissez pas vos yeux s’ouvrir,
Sentez-vous vos paupières s’alourdir ?
Dormez bonne gens !
Mais… quelle est cette odeur putride ?
Vite à vos masques livides !
Mais surtout…
Dormez bonnes gens !