L’eau à Groix, un trésor? Et pourquoi ce trésor est-il si fragile? Venez en débattre avec nous le 16 septembre prochain.


L’eau à Groix, un trésor? Et pourquoi ce trésor est-il si fragile? Venez en débattre avec nous le 16 septembre prochain.
Le 6 juillet dernier, aux alentours de 17 heures, un branle-bas de combat pour ravitailler Groix en eau potable a été sonné. Le préfet du Morbihan venait d’interdire à la consommation l’eau distribuée dans le réseau. Dans le même temps, pour palier le manque d’eau potable, des palettes de bouteilles d’eau de source ont été acheminées vers l’île, en quantité suffisante pour fournir à chacun deux bouteilles de 1,5 l par jour d’interdiction. L’interdiction a été levée le 12 juillet suivant.
Un dysfonctionnement de plus de la station de Créhal
Que s’est-il passé ? Lors d’un prélèvement datant du 3 juillet 2023, le taux de THM (trialo méthanes), s’est révélé être de 124 µg/litre alors que la norme sanitaire est de 100 µg/litre maximum, justifiant donc la décision du Préfet du Morbihan. Ce prélèvement, inhabituel à cette date, a fait suite à celui du 15/06/23, mensuel celui-là, révélant un taux de THM 100 µg/l, à la limite du tolérable, déclenchant une surveillance particulière. D’où venaient ces THM en excès, alors qu’ils sont fortement suspectés d’être à l’origine de cancers de la vessie ? Rappelons que la France a abaissé la norme de 150 µg/l à 100 µg/l en 2010 sur injonction de la Commission européenne et que le Canada et les États-Unis ont fixé le seuil fatidique à 80 µg/litre. Preuve que ces THM sont considérés internationalement comme étant à risque. Les THM se forment par dégradation du chlore quand trois paramètres sont réunis : un excès de chlore au contact de matières organiques, lorsque le PH de l’eau est élevé et sous l’effet d’une température ambiante élevée. Bref, les eaux dites de surface issues de retenues à l’air libre sont particulièrement à risque à l’arrivée de l’été, et particulièrement dans des îles qui connaissent un accroissement saisonnier de leur population. Par le passé, Molène, l’île d’Yeu et Ouessant se sont trouvés dans des situations identiques.
L’eau de Groix distribuée au robinet provient de deux sources utilisées en alternance : soit elle est captée dans la nappe phréatique, soit elle est puisée dans la retenue de Port-Melin. Elle est ensuite traitée pour devenir potable dans la station de Créhal mise en service en décembre 2020. Comment une usine aussi récente peut-elle être confrontée à des incidents de la sorte, contraignant les autorités à interdire à la consommation l’eau qui en sort ? En réalité, les faits obligent à s’interroger sur son bon fonctionnement. Selon les indications fournies par le ministère de la santé, pas moins de 16 incidents de chloration sont à déplorer depuis sa mise en service. Rien qui justifie une interdiction à la consommation, juste une légère mais persistante odeur de chlore et parfois une décoloration anormale des tissus mis au contact prolongé de cette eau en sortie de tuyauterie. De quoi indiquer qu’elle ne tourne pas aussi rond que ce qui devrait être. D’autant que durant la même période, et selon la même source officielle, trois contaminations bactériennes ont été détectées. Là encore rien qui justifie une interdiction de consommation, mais laisse à penser que l’équilibre entre désinfection de l’eau et chloration peine à être trouvé, remettant en cause la fiabilité de l’installation et / ou son pilotage.
Le Préfet tape du poing sur la table.
Compte tenu de tous ces éléments inquiétants et face à un léger dépassement de la norme réglant le taux de THM, le préfet du Morbihan a déclenché le branle-bas de combat. Rien que de plus normal ? Pas sûr. En fouillant dans les informations fournies par le ministère de la Santé, nous nous sommes aperçus qu’à Ouesssant, en mai de cette année, le taux de THM était de 124 µg/litre. Et qu’a fait le Préfet du Finistère ? Rien, strictement rien. Pourquoi ? Nous avons interrogé ses services qui ne nous ont pas répondu à ce jour. Reste donc à formuler une hypothèse : les préfets disposant d’une capacité d’appréciation de l’application des normes, celui du Finistère a choisi de ne pas interdire la consommation d’eau potable sachant que la panne était clairement identifiée et a été résolue rapidement (il s’agissait d’une panne de la pompe injectant le dioxyde de chlore dans l’eau), celui du Morbihan a choisi l’interdiction face à l’accumulation de dysfonctionnements. En clair, il a tapé du poing sur la table et créé un choc dans l’opinion pour exercer une pression sur l’opérateur pour qu’il mette la station en bon ordre de marche. Hypothèse partagée par de bons connaisseurs du dossier.
La recherche de THM n’est pas assez fréquente
Résumons la problématique. En juin 2023, un taux de THM au maximum de la norme a été détecté dans l’eau potable de Groix, justifiant une surveillance renforcée. L’inquiétude se révèle fondée puisqu’un mois plus tard, le taux est passé à 124 µg/litre. Avant le mois de juin, il faut remonter au mois de novembre 2022 pour trouver un résultat de recherche de THM (5,2 µg/litre) qui a été précédé d’une autre mesure en août 2022. Et depuis la mise en service de la station de Créhal en décembre 2020, pas la moindre trace de recherche de THM. Bref, en 2,5 années ces sous-produits du chlore considérés comme cancérigènes, ont été recherchés trois fois. Et alors que l’origine de l’eau potable sur l’île demande une attention particulière quand elle est puisée dans le barrage. Deux questions se posent dès lors :
• si le taux de THM a grimpé en flèche entre novembre 2022 et juin 2023, durant combien de mois les habitants de Groix ont-ils bu une eau à la limite de la potabilité ?
• ne serait-il pas judicieux de mesurer la présence de THM chaque mois, notamment lorsque l’eau est puisée dans le barrage et le traitement antibactérien adapté en conséquence, sachant que, dans ces circonstances, la production d’eau potable à Groix est à risque ? C’est la fréquence qu’a choisie Molène qui a connu un épisode sérieux à 237 µg/litre en 2013, donc le double de la norme et une alerte à 87 µg/litre en janvier 2022.
Nous comptons sur notre représentant à L’Agglo (en l’occurrence le maire de Groix) qui a en charge la gestion de l’eau à Groix pour appuyer nos demandes.
Voici le texte intégral du communiqué que nous avons adressé à la presse locale. Cette dernière s’en est faite largement écho.
Chacun a pu constater les retards de plus en plus fréquents au départ et à l’arrivée des bateaux. Une des causes est le peu de temps disponible réservé au déchargement et au chargement des marchandises rendu difficile par l’étroitesse du quai de Groix et l’afflux de passagers. Ces retards engendrent de désagréments pour ceux qui ont par exemple un train à prendre ou un rendez-vous précis et pénalise les entreprises de Groix contraintes d’assumer les retards de leurs salariés.
Ce qui peut se concevoir quand le retard est occasionnel, devient inacceptable quand les retards sont quasi quotidiens.
Sur la base de ce constat, lors du dernier Conseil municipal, nous avons demandé à Monsieur le maire, Dominique Yvon d’engager sans délais et avec l’appui des élus, les actions nécessaires auprès de la compagnie Océane et de la région pour que ce soient trouvées des solutions à ces dysfonctionnements pénalisants, sans pour autant remettre en cause le nombre de rotations. Un conseil portuaire auquel participera un de nos représentants se tiendra le 29 septembre prochain au cours duquel ces questions pourront être débattues.
Jean-Claude Jaillette, Marie-José Mallet, Victor Da Silva
A mi-mandat, trois ans après les élections municipales de mars 2020, les élus d’opposition et leurs soutiens de l’Avenir de Groix invitent ceux qui se sentent concernés par la vie municipale à venir échanger avec eux le samedi 20 mai à 17 h 30.
L’actualité municipale ne manque pas : pistes cyclables, projets d’équipements menacés, financement des associations, ressource en eau, prise en compte des changements climatiques, élaboration des projets municipaux, etc. Bref une autre politique municipale que celle menée par la majorité d’aujourd’hui est possible, à l’image de celle que nous nous efforçons de porter depuis trois ans et que nous souhaitons débattre avec les habitants de Groix.
Dans les mois qui viennent et d’ici la fin de notre mandat nous multiplierons ces réunions de proximité dans différents lieux du territoire.
La réunion du 20 mai se tiendra au 2 rue du Grao chez Jean-Claude Jaillette.
C’était le conseil municipal le plus important de l’année, le Conseil où sont présentés le bilan de l’année précédente (le compte administratif) et le budget de l’année en cours (le compte primitif). C’est donc l’occasion pour les membres du Conseil municipal d’évaluer la mise en œuvre des politiques de l’année écoulée ainsi que celles à venir. Ce jour-là, ont été passés au crible les projets de 2022 tels qu’ils ont été menés et ceux de 2023, en cours.
Nous avons voté le compte administratif 2022. Certains pourraient s’en étonner, pensant qu’une opposition doit s’opposer, donc voter contre tous les actes majeurs de la majorité. D’autant que nous avons exprimé nos désaccords sur la stratégie budgétaire engagée par le maire qui consiste à épargner sur le budget de fonctionnement (destiné à financer les salaires, les charges courantes, les subventions aux associations, les actions ponctuelles qui ne sont pas considérées comme des investissements, etc.) pour créer des réserves qui financeront les investissements de l’année suivante sans recours à l’emprunt, même quand les taux sont historiquement bas. Cette stratégie (que nous avons déjà qualifiée de « pépère » ?se mène au détriment d’actions ciblées comme le développement de parcours cyclables à partir du réseau fourni de chemins (solution que nous avons proposée, dès l’apparition du projet en novembre 2021, comme alternative aux pistes cyclables mal accueillies aujourd’hui par la population groisillonne). En outre, elle revient à faire payer par le contribuable d’aujourd’hui l’utilisation future des infrastructures créées en ce moment pour les 20 ou 30 années à venir. L’emprunt – raisonnable comme il se doit – évite cet écueil en étalant le paiement de l’investissement sur les 20 ou 30 années à venir. Le raisonnement est un peu complexe, mais il est indispensable de le poser pour comprendre ce qui se joue dans l’appréciation d’un budget communal derrière les lignes comptables.
Vote pour le compte administratif, avec réserves
Revenons au compte administratif 2022 (le bilan en quelque sorte).
Depuis le début de cette mandature, nous, élus d’opposition, réclamons une présentation de ces deux documents qui permettraient d’une part de comparer la gestion de la commune de Groix avec celle d’autres communes équivalentes et d’autre part qui mettraient en évidence les choix politiques opérés. En clair, nous pensons que les élus ne sont pas des contrôleurs de gestion dont la mission serait de contrôler le budget ligne à ligne. Ils ont en revanche pour mandat d’évaluer les politiques publiques pour se déterminer par rapport à ce qui a été réalisé et ce qui est proposé pour l’avenir. Pour y parvenir, il nous faut des outils passant par une présentation claire et synthétique de documents. Pour la première fois en cette année 2023 nous avons obtenu satisfaction après deux années de tâtonnements.
Disposant de ces outils, nous avons donc pu juger que les écarts entre ce qui a été prévu et ce qui a été réalisé en 2022 ne sont pas de nature à justifier un vote négatif de notre part. Une position qui ne nous a pas privés de rappeler nos désaccords de fond concernant la stratégie d’épargne faite sur le budget de fonctionnement.
Abstention sur le budget primitif pour désaccord avec la stratégie budgétaire
C’est précisément ce désaccord dans la conception du budget communal qui nous a conduit à nous abstenir sur le budget primitif. Là sont exposés les projets 2023, la manière dont les produits de l’impôt et des subventions sont répartis. Une stratégie identique à celle que nous avons critiquée par le passé est mise en œuvre, consistant à privilégier les grands projets autofinancés grâce aux économies réalisées sur le budget de fonctionnement au détriment d’actions visant l’amélioration immédiate de la vie quotidienne des Groisillons. Quelques exemples ? De la même manière que nous avions critiqué le projet des pistes cyclables (voir plus haut), nous nous sommes interrogés sur le montant de 1,2 millions envisagé pour le développement de la maison des assistantes maternelles subventionné à hauteur de 70% et donc avec un reste à charge pour la commune de 360.000 euros. Pour l’avoir défendu dès le début, nous ne sommes évidemment pas contre le projet de MAM, mais pas à ce prix-là. Et ce d’autant que des actions – non subventionnées celles-là – comme le soutien à un vaste programme d’anticipation des sécheresses à venir n’est même pas envisagé, malgré l’urgence.
Dans l’attente des subventions aux associations
Restent deux inconnues dans ce budget primitif : le montant précis des subventions accordées aux associations,et notamment à celles qui assurent la vie culturelle de Groix, durant la saison estivale comme lors du reste de l’année. Reste également à apprendre de quelle manière le site rénové de Port Lay redeviendra accessible aux dites associations. Elles feront l’objet d’une prochaine réunion de la commission des finances. En ces périodes de flambée des charges due à l’inflation et à l’augmentation du coût de l’énergie, nous serons attentifs à ce que les associations conservent les moyens d’assurer leurs missions.
D’autres points importants étaient inscrits à l’ordre du jour : le taux de fiscalité qui n’augmentera pas cette année (unanimité) et la présentation du bail liant le groupe Kerjouan qui vient de reprendre le village de vacances ex-VVF (vote à l’unanimité, le bail précisant les engagements du groupe et conformes au cahier des charges de la commune).
Voici le texte intégral d’un communiqué de presse que nous avons transmis au journal Ouest France du 20 avril 2023, en réponses à un article rapportant des propos choquants du maire de Groix, Dominique Yvon.
« Le coup de gueule de Dominique Yvon » titre Ouest France du 20 avril. A notre tour, élus d’opposition, de pousser un coup de gueule en réponse à des propos qui indignent la population. En quelques lignes, le maire de Groix réalise un amalgame manipulateur entre les manifestants contre la retraite à 64 ans, auxquels il ajoute ceux qui portent un jugement critique contre les pistes cyclables telles qu’elles sont réalisées et les tagueurs anti-résidences secondaires. Il y inclut en outre l’opposition municipale qui remet en cause sa stratégie budgétaire privilégiant les grands projets onéreux au détriment d’actions plus ciblées et urgentes en faveur des citoyens. Ainsi, il sème la confusion pour disqualifier toute contestation. « Le 49.3 est le prétexte pour m’emmerder » dit-il en substance. Vexé par les critiques – nombreuses – qui ne sont pourtant que le produit du fonctionnement normal d’une démocratie locale, il menace d’interrompre des projets d’utilité publique votés par le Conseil municipal, comme s’il pensait devoir punir une population qui a l’outrecuidance de s’exprimer sur ce qui ne lui convient pas. Si le maire de Groix s’estime « usé » et « trop âgé pour se faire disputer » ainsi qu’il le dit lui-même, qu’il se retire et aille se reposer plutôt que d’insulter ses concitoyens en les sommant de se tenir tranquilles sous peine d’être privés d’équipements.
Comment imaginer que demain nous n’entendrons plus son humour, son rire, ne partagerons plus ses indignations et ses engagements contre les injustices. Elle a été, dès le début, un fervent soutien pour L’avenir de Groix, allant jusqu’à pousser les meubles pour accueillir une réunion. Paule avait la passion de Groix et des Groisillons, toutes origines confondues, elle le disait, elle le montrait, et nous voilà aujourd’hui un peu orphelins. Nous perdons non seulement une des précieuses mémoires de l’île, mais également quelqu’un qui nous transmettait sa passion pour tant de choses qui participent à la richesse de la vie culturelle de Groix aujourd’hui, sans oublier les performances gustatives de ses inoubliables galettes et crêpes.
Nous ne t’oublierons pas, chère Paule.
Kenavo.
Notez qu’un hommage souvenir sera rendu à Paule par Cinéf’îles, lors d’une séance ouverte à toutes et tous demain samedi 15 avril à 18h00 au Cinéma des familles, séance au cours de laquelle seront projetés de petits films où elle raconte à sa façon ses activités à divers moments de sa vie.
Voilà sans doute le conseil municipal le plus important de l’année. C’est en effet celui où sont votés le bilan de l’année précédente (le compte administratif) et le budget prévisionnel de l’année 2023 (budget primitif).
Pourquoi ces votes sont-ils si importants ? Parce que le compte administratif est la photographie, à travers les lignes comptables, de la politique menée durant l’année écoulée par le maire et sa majorité. Il permet en outre de mesurer l’écart entre ce qui était prévu et ce qui a été réalisé et de comparer les choix locaux avec ceux des communes de la même taille et de la même nature. En clair, il permet d’évaluer l’action des élus.
Quant au budget primitif, il annonce les projets qui devraient être mis en œuvre durant l’année en cours. Il décrit les choix effectués, bref la politique de la municipalité sur lesquels les citoyens ont leur mot à dire.
Ces votes sont donc censés incarner un moment important de la démocratie locale.
Vous l’avez compris, plus vous serez nombreux à y assister et mieux la démocratie locale se portera.
Rendez-vous
Jeudi 13 avril 2023 à 17 h 00 à la Salle des fêtes
Ordre du jour :
1. Approbation du PV du conseil municipal du 30/01/2023 ;
2. Approbation des comptes de gestion 2022 (budgets commune, Port Tudy, camping et mouillages) ;
3. Approbation des comptes administratifs 2022 (budgets commune, Port Tudy, camping et mouillages) ;
4. Affectation des résultats 2022 ;
5. Vote des budgets primitifs 2023 (budgets commune, Port Tudy, camping et mouillages) ;
6. Vote des taux de fiscalité 2023 ;
7. AMI Exploitation du VVF de GROIX ;
8. Autorisation du maire à recruter des agents non titulaires pour remplacer les agents (fonctionnaires ou non titulaires) momentanément absents et pour pourvoir aux emplois saisonniers ;
9. Tarifs 2023 ;
10. Pénalités EGB ;
11. Gérance ;
12. Instauration de la redevance sur les navires ;
13. Questions diverses.
C’est par un mail expéditif adressé le 18 février que le maire de Groix a annoncé aux 80 associations locales la désormais impossibilité de tenir leurs réunions au-delà de 20 heures dans les salles communales. Passée cette heure, les salles seront fermées et leurs utilisateurs priés de déguerpir. Et ce, tenez-vous bien, à effet quasi-immédiat, dès le 22 février. Cinq lignes pondues par « l’équipe municipale » – en réalité limitée à la majorité puisqu’aucun élu de l’opposition n’y a été associé – sans la moindre concertation avec les associations concernées au motif officiel de réaliser des économies d’électricité. Circulez, ceux qui travaillent ou qui sont occupés à leurs tâches familiales tout au long de la journée ne pourront plus participer à la vie associative.
Quelle était donc l’urgence à prendre une telle décision qui provoque, au mieux l’incompréhension dans le monde associatif groisillon, et la colère chez ceux qui sont le plus touchés par l’oukase municipal ?
La salle des fêtes chauffée de jour comme de nuit. Coût 80.000 €/an
La réponse est venue quelques jours plus tard lors d’une réunion organisée par le délégué à la vie associative. « La facture d’électricité communale explose de 128% cette année, nous devons faire des économies. » Bonne idée ! Dans la ligne de mire, la salle des fêtes qui abrite aussi la cantine scolaire, considérée comme la plus gourmande en électricité de la commune : 80.000 €par an pour la grande salle, 40.000 €pour la cantine. C’est effectivement beaucoup. Beaucoup trop ? Sans doute, mais alors pourquoi ne pas commencer par analyser les causes de cette gabegie à commencer par le chauffage qui fonctionne de jour comme de nuit ? A défaut les associations seraient fondées à penser qu’elles servent de bouc émissaire de la politique de restriction. Car, comme l’ont fait remarquer les représentants des associations unanimes « le système de régulation est défaillant ». Pourquoi en effet le bouton-poussoir archaïque qui déclenche 1 heure de chauffage à l’origine de tant de fausses manœuvres n’a-t-il pas été remplacé par un programmateur performant qui se déclencherait quand la salle est occupée et qui maintiendrait une température au minimum le reste du temps, notamment la nuit ? Réponse embarrassée du délégué : « C’est compliqué ». Et d’ailleurs a-t-on réellement chiffré l’économie que représentera la fermeture des salles à 20 heures au regard des 80.000 € annuels payés en électricité par la commune ? Silence gêné du délégué aux associations qui a fini par lâcher un « non » dépité. « Et pourquoi n’a-t-on pas investi plutôt dans l’auto-production des équipements communaux en installant les panneaux solaires sur les toits partout où c’est possible? » a-t-on entendu dans l’assistance. « C’est en cours » a répondu le représentant du maire, oubliant que l’alerte aux augmentations des prix de l’électricité date de septembre dernier, et qu’à cette occasion un séminaire municipal a été organisé le 12 décembre dernier pour réfléchir aux solutions sans qu’un grand plan d’investissement de production d’énergie n’en sorte. N’y-avait-il pas encore urgence ?
En réalité, à toutes ces questions remettant poliment mais fermement en cause la décision brutale de « l’équipe municipale », le délégué aux associations a eu bien du mal à répondre. Il lui a même fallu puiser dans le récit d’un incident qui a vu le réglage du thermostat de la salle des fêtes modifié par un coup de tournevis pour justifier la mise en cause des associations dans la consommation excessive d’électricité. Comme s’il fallait faire supporter à tous les conséquences de l’action d’un seul. Une sorte de punition collective en quelque sorte.
Une atteinte à la liberté de réunion
Bref, les arguments manquent pour justifier de priver les associations de lieux de réunion après 20 heures, alors qu’à l’évidence rien n’a été mis en œuvre au préalable avant de renvoyer chez eux ceux qui maintiennent – coûte que coûte – le lien social. Car il en va bien sûr de la sauvegarde de l’action des associations, si fondamentale sur une île comme Groix. « Plus qu’ailleurs, où l’accès à la culture, au sport, ou même au divertissement est plus facile, ici, la vie associative est importante » a formulé un participant. Elle est même fragile tant elle repose sur le bénévolat. Le maire et ses délégués l’auraient-il oublié ? Priver les associations de possibilités de retrouver leurs adhérents après 20 heures est une atteinte à la liberté de réunion, c’est aussi simple que cela. Les associations groisillonnes sont bien évidemment conscientes de la nécessité de limiter les dépenses d’énergie. Certaines sont même prêtes à se passer de chauffage pendant leurs actiivités. Mais elles n’acceptent pas d’être une variable d’ajustement avant même que des solutions techniques n’aient été mises en œuvre pour réguler efficacement le chauffage des locaux. « Il y a urgence » nous dit-on. Mais alors pourquoi n’avoir rien fait depuis le mois de septembre dernier ? Au passage, les associations ont appris qu’elles pourraient bientôt payer l’occupation des salles municipales, au nom de la recherche d’économie. Nous y reviendrons plus tard.
A l’issue de la réunion, le délégué aux associations a assuré les participants qui les avaient « écouté » et qu’il transmettrait. Ont-elles été entendues ? On attend les propositions des décideurs.
Ne l’appelez plus VVF. A Groix, si les habitations de vacances reconnaissables entre mille demeurent, le nom du village de vacances changera. En effet, après quarante ans de gestion par l’association Village Vacances Famille (VVF), le conseil municipal du 2 février dernier a confié les clés du domaine à la société lorientaise Joker spécialisées dans l’hôtellerie haut de gamme et la restauration pour les quarante années à venir. Le vote a été acquis à la majorité par 16 voix contre 3, celles de l’opposition qui a voté en faveur du projet de reprise par le VVF. Pourquoi avons-nous, élus de l’opposition, voté ainsi ? Explications.
A l’issue d’un appel à projets lancé il y a presque un an, deux candidats restaient en lice, le groupe breton Joker (entre autres propriétaire du Mercure de Lorient et de quelques restaurants dans la ville) et VVF, candidat à sa succession. Pour la commune, le choix du repreneur de la gestion du site est crucial. Elle est propriétaire du site sur lequel la quarantaine d’hébergements sont construits et entend bien le rester dans le but d’avoir un droit de regard sur le développement tout en préservant son patrimoine situé dans un lieu exceptionnel. Ensuite, tirant les leçons des années passées qui ont vu le village se dégrader par manque d’entretien, les élus unanimes ont souhaité que le lieu redevienne un phare du développement touristique de l’île par son dynamisme capable de générer de retombées économiques sur l’île. Enfin, le repreneur devait s’engager à maintenir l’accessibilité de ce type de vacances à tous. Bref, pas question de transformer ce site exceptionnel en un ghetto de touristes aisés.
La séduction, la carte maîtresse de Joker
Chacune des offres proposées par les deux finalistes de l’appel à manifestation d’intérêt a répondu au cahier des charges. Avec cependant un léger avantage en matière d’expérience de gestion de ce type de village de vacances pour VVF. A l’inverse, Joker s’en sortait mieux au chapitre du loyer promis à la commune avec l’équivalent de 50.000 euros versés par an contre 20.000 euros seulement promis par VVF. Quant à l’inscription du projet dans le respect de l’environnement et sa durabilité, chacun faisait assaut de promesses, l’expérience en la matière de VVF plaidant pour une plus grande crédibilité que le groupe Joker spécialisé dans l’hôtellerie et la restauration.
Les deux propositions se valaient-elles pour autant ? Aura-t-il suffi d’une meilleure présentation à l’oral de l’un par rapport à l’autre pour faire pencher la balance ? Pour la majorité le dynamisme et la jeunesse affichés par les patrons du groupe Joker lors de leur audition ont déterminé leur choix. Il est vrai que la prestation des dirigeants de VVF venus en personne défendre leur projet a été décevante dans la forme: ils affichaient le sérieux de patrons de l’économie sociale et l’austérité aussi, peu séduisante, au premier abord en tout cas.
Mais sur le fond, les dirigeants de VVF sont venus avec une proposition qui a motivé notre choix de voter pour eux. Prenant acte du souhait de la commune de garder un œil sur le devenir du projet, les patrons du VVF ont proposé qu’elle entre au capital d’une structure créée pour l’exploitation du site sous forme d’une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif). Le capital aurait été apporté par VVF, la Caisse des dépôts, la commune et d’autres investisseurs parties prenantes possibles tels l’Agglo ou le département. Le principe d’une coopérative étant celui d’un actionnaire égal à une voix, quel que soit le montant de son investissement, la commune aurait disposé d’une voix égale à celle des autres. L’avantage pour la commune aurait été d’être impliquée dans la gestion pour mieux peser au long cours sur le développement du projet, sans toutefois être contrainte de mobiliser des ressources humaines importantes. Un partenariat équilibré entre la commune et un acteur important du tourisme, un sacré avantage compte tenu de la durée du bail. Ç’eut été un service rendu aux municipalités futures. En outre, cette structure offrait comme autre avantage que les bénéfices de l’exploitation auraient été reversés en grande partie à la SCIC, garantissant ainsi le financement de travaux réguliers. Pour la municipalité en place et ses successeurs, l’investissement aussi bien financier qu’en tant que personnes restait léger tout en satisfaisant la demande d’un minimum de contrôle des élus.
« Pas de réel pouvoir, trop lourd à gérer, pas fiable » ont tranché les élus de la majorité, sans chercher à creuser plus avant la proposition alors que de plus en plus de communes ont recours à ce type de partenariat pour accompagner leur politique locale. Mais surtout, leur manque de confiance dans les engagements pour le futur de l’association les ont aveuglés. Le peu d’entretien des installations durant les quarante dernières années et les mauvaises communications entre les directions du VVF et la mairie les ont convaincus que l’avenir ne serait pas rose. Ils ont oublié d’intégrer un élément dans leur analyse : si VVF a négligé l’entretien et la communication avec la commune, c’est que rien dans le contrat les liant à la commune ne les y obligeait. Dans un rapport publié le 23 janvier dernier, la chambre régionale des comptes s’en est d’ailleurs étonné. La responsabilité des erreurs du passé est donc partagée, erreurs qui ne permettent donc pas de présager de l’avenir. Seuls les contrats assortis d’un contrôle de leur exécution apportent les garanties pour le futur de ne pas tomber dans les travers du passé. C’était le fondement de la proposition de VVF, balayée d’un revers de main par la majorité.
Et maintenant, le contrat de location
La gestion est donc confiée à Joker par un vote majoritaire. Reste à établir le contrat de location liant le nouveau gestionnaire à la commune pour la durée du bail longue durée. Il devra fixer les devoirs de transparence du locataire vis-à-vis de la commune et de respect des engagements pris, notamment dans l’objectif de maintien d’un tourisme familial. Quels moyens le maire va-t-il se donner pour éviter de revenir à la situation antérieure de laisser-aller tant décriée par lui-même ? Quels moyens se donnera-t-il pour que les engagements financiers de Joker soient tenus? Les élus qui ont voté en faveur de l’entrepreneur lorientais ce lundi 2 février ont signé un chèque en blanc puisque personne à ce jour ne connaît le contenu du contrat. Autant dire qu’il nous faudra être vigilants. C’est pourquoi nous demandons que le contrat de location soit soumis au vote du conseil, précédé d’un débat.