La communication défaillante de la Mairie face à la Covid-19

Il aura fallu 36 heures au maire de Groix, Dominique Yvon, pour réagir à la révélation d’un cluster de Covid-19 à l’Ehpad. Car un peu plus de 36 heures se sont écoulées entre le moment où l’arrivée des résultats des tests PCR pratiqués sur les résidents (47 personnes) et les personnels (41 personnes) ont été connus et le moment où le maire a officiellement fait état de la gravité de la situation. Et il aura fallu quelques heures, 7 exactement, pour que cette mise au point soit publiée en réponse à un courrier adressé par l’opposition et ses trois élus, réclamant sans délai des éclaircissements sur des rumeurs qui circulaient depuis la veille.

En effet, dès le jeudi 4 au matin, 9 cas supplémentaires touchant les résidents étaient détectés portant à 12 le nombre total de personnes contaminées (soit une augmentation de 300 % !). Et il a fallu attendre vendredi 5 février à 19h07 exactement pour qu’un mail signé de Dominique Yvon parviennent à l’ensemble des élus.

L’information de la population, priorité absolue

« 36 heures c’est peu, et le signe d’une réaction rapide » diront certains. Sauf que dans ce cas d’espèce c’est beaucoup. Pourquoi ?

D’abord, parce que dans notre petite communauté de Groisillons, la proximité avec l’Ehpad via les familles est forte, notamment par l’intermédiaire des cas contacts. Moyennant quoi l’information d’une flambée localisée a circulé à la vitesse de la lumière, alimentant les rumeurs et les polémiques. Une information officielle à destination de tous aurait été préférable d’emblée.

Ensuite parce que, dans un climat général de peur, l’information en temps réel est capitale pour éviter les rumeurs. La population, et tout particulièrement les familles des résidents de l’Ephad,  a besoin de savoir dès la confirmation de la découverte des cas que le protocole sanitaire de crise est mis en route par le personnel de l’Ehpad et les responsables médicaux. Elle a besoin de savoir que les personnes contaminées sont placées à l’isolement, les cas contacts recensés et isolés, le matériel nécessaire à l’oxygénation des malades mis en place, le personnel renforcé et la veille assurée.

A cet égard, il est surprenant que les premiers informés aient été, dans l’ordre, la presse régionale, puis les élus, alors que les premiers concernés sont les habitants de l’île. Comme si la mairie ne disposait pas de moyens d’information efficaces, son site internet par exemple qui le samedi 6 février au matin titrait toujours sur la vaccination des plus de 75 ans prévue à la salle des fêtes les 11 et 12 février et la qualité de l’eau de mer en ces temps de pluies diluviennes. Important, mais était-ce l’urgence du jour ?

Voilà comment 36 heures ont été perdues pour l’information claire des Groisillons. Regrettable.

L’indispensable parking gratuit de la gare maritime

Il est des problèmes importants longtemps oubliés comme on met la poussière sous le tapis, mais qui finissent par s’échapper de leur confinement. Faut-il alors s’étonner du fracas qu’ils provoquent ?

La fréquentation du parking de la gare maritime, dernière étape avant l’embarquement pour Groix, longtemps considérée par la majorité municipale en place depuis 2014 comme un sujet tabou qu’il ne fallait surtout pas évoquer, fait partie de cette catégorie de problèmes. Car depuis longtemps déjà des voix s’élèvent pour s’étonner que les Groisillons ou des usagers réguliers du bateau peinent à trouver une place pour garer leur voiture. Un exemple ? A partir de 2008, un habitant de l’île contraint de prendre le bateau régulièrement pour rendre visite à un conjoint hospitalisé à Lorient, a arrosé toutes les autorités possibles de ses plaintes, du maire de Groix jusqu’à l’épouse du Président de la République, Brigitte Macron, en passant par le Sous-Préfet. Jusqu’à présent, ses démarches n’ont pas été couronnées de succès, mises à part quelques réponses certes bienveillantes, mais toujours évasives. 

« On ne peut rien à faire », un adjoint au maire en 2016

Cet habitant nous a même raconté comment, en 2016, lors d’une réunion avec le Sous-Préfet Treffel où le sujet du parking a été évoqué, le représentant de la mairie de Groix, un adjoint au maire, pressé par le représentant du gouvernement de faire des propositions, a fini par lâcher : « Je sais bien qu’on ne peut rien faire ! ». Et depuis, ce fatalisme est devenu une véritable doctrine pour la majorité municipale. 

Alors, quand au cours de l’été dernier, des artisans de Groix, soutenus par les élus de l’opposition, ont sonné l’alerte devant la presse locale, le couvercle de la marmite trop longtemps maintenue fermée a explosé. Ils se faisaient ainsi les porte-paroles des salariés (ouvriers du bâtiment comme fonctionnaires territoriaux ou employés de banque) qui chaque jour viennent travailler de Lorient sur l’île et qui, la saison touristique venue, ne trouvent plus de place pour y garer leur voiture, indispensable pour se rendre de leur domicile à la gare. 

Que demandaient-ils ? Que des places clairement identifiées soient réservées à ces usagers alors que certains se sont vus pénalisés d’une contravention pour avoir stationné sur une zone bleue, lassés de tourner aux alentours de la gare sans trouver de place à 7h30 du matin ; ou que d’autres renoncent même à rejoindre leur travail face au risque d’une nouvelle amende à 135 euros pour avoir stationné sur un trottoir, en désespoir de cause. La réponse de l’adjointe aux mobilités de Lorient, Laure Dechavanne, a été rapide : une centaine de places ont été ouvertes, là où les étés précédents sans Covid des forains stationnent. La solution ne pouvait être que provisoire, car dans les jours qui ont suivi, ce nouveau parking a été envahi par les voitures de touristes, très nombreux cette année à se rendre sur l’île. Quelques mois plus tard, le 15 décembre exactement, Laure Dechavanne, faisait savoir au maire de Groix que le parking allait devenir payant dès le début 2021 pour reculer la fréquentation et pour pousser les touristes à avoir recours aux parkings du centre-ville, sous-utilisés, malgré des tarifs attractifs. 

L’opposition lève le lièvre, la majorité prend peur

Du côté de la mairie de Groix, pas de prise de position. Et pour cause. Lors du dernier conseil municipal, le 15 décembre dernier, Dominique Yvon s’est expliqué sur son silence: « Quand j’ai lu dans les journaux vos prises de position, je me suis dit, ils sont fous, ils vont pousser la mairie de Lorient à faire payer le stationnement. » En clair, la doctrine de la poussière cachée sous le tapis était toujours en vigueur. Pour la majorité municipale, mieux valait ne rien dire, ne rien anticiper alors que partout ailleurs ce type de stationnement est payant, laissant penser que la question finirait bien un jour ou l’autre se poser ici, au risque de laisser les « salariés pendulaires » se débrouiller avec leur problème. Au cours de ce même conseil, une polémique vigoureuse a suivi entre la majorité et l’opposition (lire le compte rendu), la majorité reprochant – à tort –  à l’opposition d’avoir précipité une décision de la municipalité de Lorient que tout le monde savait inévitable et d’avoir rompu le statu quo.

L’urgence est donc là et bien là. Plus question de se dérober. Pour les habitants de l’île, l’usage de ce parking est essentiel pour assurer une forme de continuité territoriale entre leur île et le continent. Ce parking est essentiel à leur vie quotidienne, tout comme il est essentiel aux familles des anciens auxquels enfants ou petits enfants viennent rendre visite. Il est essentiel à ceux qui ont un besoin fréquent de se rendre sur le continent au-delà du centre ville de Lorient et pour qui une voiture est indispensable. Face à la réduction drastique des places de voitures sur les bateaux, le Breizh Nevez en particulier, beaucoup préfèrent laisser un véhicule à disposition sur le parking plutôt que de passer leur voiture. 

Gratuité pour les insulaires et les pendulaires

Bref, il faut que les usagers, les élus de Groix, ceux de la majorité comme ceux de l’opposition qui ont soulevé le problème, ceux de Lorient et de l’Agglomération et les responsables de la Chambre de commerce se mettent autour d’une table et trouvent des solutions pour qu’une forme de gratuité soit maintenue pour tous ces usagers-là. Que ce soit sous forme de laisser-passer ou sous forme de couplage avec le billet de bateau, etc., tout est à inventer en fonction du type d’usager. Groix change, et changera encore en accueillant chaque été plus de vacanciers. Mais Groix s’enorgueillit de développer une activité économique en dehors de l’activité touristique. Permettre aux acteurs de l’économie d’accomplir leurs tâches, minimiser le coût de la vie et du travail insulaire déjà lourdement impactés par le prix du transport des marchandises et insérer la question du stationnement dans une politique bien conçue du transport de l’Agglomération, voilà ce dont les participants à la table ronde « parking » auront à débattre. À suivre…

Auteurs : Victor Da Silva, Jean-Claude Jaillette

Un site internet de l’opposition pour bien commencer 2021

Bonne année chères Groisillonnes et chers Groisillons. 

Meilleurs vœux pour 2021 de la part des élus de l’opposition municipale et de l’Avenir de Groix, l’association qui les accompagne dans leur action, en espérant que cette année ne soit pas « l’année de la marmotte » (1) que certains voudraient déjà nous faire vivre.

Avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Que cette nouvelle année puisse être plus souriante que la précédente, qu’elle soit moins encombrée de miasmes et que la science triomphe de la COVID-19 qui nous gâche la vie depuis le début de 2020. Qu’elle apporte un peu de réconfort à ceux qui sont mis à mal par la crise sanitaire et par les difficultés économiques qu’elle engendre. Qu’elle offre aussi aux oubliés des discours officiels, les mal logés, les isolés, les silencieux, un peu de l’attention qui leur est due.

Pour démarrer l’année sous les meilleurs auspices, nous annonçons une bonne nouvelle. Après plusieurs mois de travail et de mise au point, nous lançons un site internet : www.avenir-de-groix.org/ 

Pourquoi est-ce une bonne nouvelle ? Parce que désormais l’opposition et ses amis sont dotés d’un moyen d’information qui leur est propre, leur permettant d’apporter à chaud leur point de vue sur l’actualité municipale, de lancer des débats et des actions, de donner la parole aux associations et à tous les habitants qui souhaitent s’exprimer, et cela en toute indépendance.

À tout ceux qui ne trouvent pas leur compte dans l’information municipale officielle, à tous ceux qui préfèrent le débat argumenté aux procès d’intention, à l’anathème et à la malveillance qui s’expriment sur certains réseaux sociaux ou blogs locaux, l’Avenir de Groix et les élus municipaux d’opposition offrent un espace d’information, de liberté de ton, de confrontation et même de polémique, d’humeur et d’humour.

Chaque fois que l’occasion se présentera, nous publierons notre propre  compte rendu du Conseil municipal dans les jours qui suivront une séance, nous ferons part de ce qui nous étonne dans le cours de la vie sur l’île, de ce qui nous emballe ou de ce qui nous choque pour le communiquer à ceux qui partagent notre engagement. Nous relaierons les informations de la presse locale, nous commenterons les initiatives locales, celles de l’Agglo, du département ou de la région. 

Bref, l’Avenir de Groix est un site d’information qui permettra à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans la majorité municipale de se retrouver, d’échanger et de faire connaître leurs idées, librement et avec force. Pouvait-on imaginer meilleure manière de démarrer une nouvelle année ?

(1) Cf. le film “Un jour sans fin” de Harold Ramis (1993)

Quand le Maire de Groix applique le programme électoral de l’opposition

Bravo Monsieur le Maire. En lisant Ouest France ce samedi 9 janvier 2021, nous avons eu la grande satisfaction de découvrir que vous preniez le sujet du logement des jeunes à bras le corps. Vous le dites, ce que vous entreprenez aujourd’hui est conforme à vos engagements de campagne. Vous aviez promis effectivement de vous en saisir, c’est exact. Mais de quelle manière ? Était-ce conforme à ce que vous annoncez aujourd’hui ? Pas exactement. Petit retour en arrière.

Lorsque le collectif Ressac qui portait les demandes des jeunes en matière de logement sur l’île vous interpelait, vous lui répondiez que vous avez déjà fait beaucoup. Dans la dernière version de votre programme électoral, vous rappeliez que « la commune a déjà vendu 4 parcelles communales à Kimitété pour permettre à des jeunes de construire au prix de 70 € le m². » Et puis, grand seigneur, vous précisiez à une journaliste de Mediapart venue « couvrir » la campagne à destination des jeunes minés par le mal-logement « Qu’ils viennent me voir, on trouvera des solutions ». Une fois encore, vous privilégiez les solutions clientélistes aux réponses politiques.

Des solutions innovantes dans notre programme

En puisant dans nos souvenirs, nous nous rappelons aussi un débat public organisé à l’improviste par le collectif Ressac sur le marché de Groix un samedi matin de campagne électorale. Nous vous avions expliqué que vendre des terrains même à bas prix ne permettait pas de baisser suffisamment le prix global de la construction, et qu’à l’exemple d’autres communes bretonnes confrontées au problème du logement en zone touristique, nous pouvions être plus audacieux. Nous vous avions expliqué ce que notre programme envisageait, à savoir la mise à disposition de terrain à de futurs jeunes propriétaires de maisons, loués sous un bail emphytéotique (99 ans) par l’intermédiaire d’offices fonciers solidaires. 

Or, qu’annoncez-vous dans Ouest France ? « Nous sommes en contact avec le bailleur social L’Aiguillon pour créer un office foncier solidaire. L’idée c’est que les personnes deviennent propriétaires de la maison mais pas du terrain, explique l’édile. Le coût d’acquisition est réduit considérablement, et pour la construction la TVA baisse à 5 %. Ces maisons peuvent ensuite être revendues bien sûr, mais seulement pour de la résidence principale, ce qui freine la spéculation. »

Alors bravo Monsieur le Maire. Bravo pour avoir bien lu notre programme électoral. Bravo pour avoir su écouter votre opposition, au point de changer de point de vue et mettre en œuvre ce qu’elle proposait dans la campagne. C’est dire si elle y voyait clair et qu’elle avait su  écouter les électeurs tout en s’inspirant d’expériences existant ailleurs. Mais alors pourquoi avoir, à l’époque, balayé nos propositions d’un revers de main méprisant ? En nous répondant qu’on ne savait pas de quoi on parlait, et que, comme nous n’habitions pas Groix depuis 50 ans, nous n’étions pas légitimes pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent aux Groisillons ? Vraiment bravo pour avoir opportunément su changer d’avis. Nous nous en réjouissons, sans rancune ni amertume.

Ne vous arrêtez pas en si bon chemin, copiez sans modération…

Mais pour vous prouver que nous sommes de grands démocrates qui œuvrons pour le bien de tous, nous vous suggérons de ne pas vous arrêter en si bon chemin dans la mise en œuvre de nos propositions. Encore, puisez encore Monsieur le maire dans nos propositions. Vous voulez deux idées dont vous devriez vous saisir ? Les voici.

  • Lors du Conseil municipal de septembre, nous avons proposé la création d’un groupe de travail commun majorité/opposition sur la prochaine DSP (délégation de service public) de la Compagnie Océane. « Pourquoi pas » nous avez-vous répondu avant d’ajouter votre phrase censée résoudre toutes les difficultés: « on verra ». Et depuis, rien. Vous avez purement et simplement enterré notre offre de service. Allez, un peu de courage Monsieur le Maire, écoutez-nous une fois encore, nous avons de bonnes idées.
  • Lors du Conseil municipal de décembre, à propos du projet d’implantation d’un parc de 60 éoliennes au large de notre île, nous avons proposé l’organisation d’une « consultation pour avis de citoyens » afin d’éclairer une délibération du Conseil qui ne manquera pas d’arriver. « Pourquoi faire on ne nous a rien demandé. La majorité ne fera rien de tel, mais si vous organisez un débat nous mettrons une salle à votre disposition ! » nous avez-vous répondu en nous renvoyant dans les cordes. Allez Monsieur le Maire, prenez encore une fois votre courage à deux mains en reconnaissant que les propositions d’avenir viennent de votre opposition que vous regardez de haut et étudiez avec nous cette consultation afin de l’organiser. Ça vous énerve sans doute de le reconnaître, mais c’est dans l’intérêt de tous. Car les bonnes idées et les bons projets sont toujours des exemples à étudier, d’où qu’ils viennent. 

Si, dans ces deux occasions, vous nous suivez, nous vous dirons encore une fois « Bravo Monsieur le Maire ». Et nous serons ravis de vous avoir servi de boîte à idées, à défaut d’avoir été élus pour donner corps nous-même à notre programme. Ce sera sans rancune et dans un bel esprit républicain.

Et si à l’avenir vous manquez d’idée, lisez et relisez notre programme électoral. Nous y avions mis beaucoup de compétences, de connaissances et d’expériences venues d’ailleurs. Du sérieux et de l’audace en quelque sorte.

De l’électricité, et un coup de théâtre

Ce que nous retenons de ce Conseil Municipal du 15/12/2020

Pour une part significative de l’ordre du jour (cette fois essentiellement tourné vers des questions d’ajustement budgétaire) les débats ont été plus musclés qu’à l’ordinaire. À l’initiative des trois élus de l’opposition, force est de le reconnaître, le mutisme des élus de la majorité, à l’exception de leur chef Dominique Yvon, étant – semble-t-il – devenu la règle depuis le début de ce mandat.

Quatre escarmouches et un (petit) coup politicien organisé par le maire et sa majorité ont animé le conseil municipal du 15 décembre dernier. La séance pourrait se résumer ainsi : le maire ne goûte guère que l’opposition fasse des propositions et même anime les quelques débats qui surgissent au détour des points techniques de son ordre du jour. Alors que l’actualité municipale s’anime à travers de questions comme celle du devenir du VVF ou de l’implantation de 60 éoliennes au large de Groix, le maire répète comme un mantra « il est urgent d’attendre ». Le statu quo frileux plutôt que l’action pour l’avenir de l’île, c’est ce que nous disions du bilan du maire sortant pendant la campagne municipale. Et voilà que le nouveau mandat le confirme. En témoigne la mise au vote de l’augmentation de 2 % des tarifs municipaux, alors que de nombreuses communes, bretonnes et autres, gèlent les leurs en soutien aux difficultés économiques de leur population impactée économiquement par la crise sanitaire.

Lisez notre compte rendu détaillé de la séance dans le document à télécharger. 

Éoliennes en images, épisode 3 : courbure terrestre et horizon

            13 décembre 2020 par Étienne Durup

Dans l’épisode 2, nous nous sommes arrêtés sur la constatation frustrante suivante : malgré l’apport incontestable d’un schéma comparatif à la même échelle de différents objets connus, l’opinion que j’essaie de me faire sur le projet d’éoliennes, et notamment la question de leur visibilité nécessite un peu de travail supplémentaire.

Plusieurs facteurs peuvent intervenir sur la vision que l’on a d’un objet dans la nature. Si on laisse de côté la qualité de la vision de la personne qui observe, on peut citer en particulier :

  1. la taille de l’objet (élément discuté dans notre épisode précédent, mais nous y reviendrons) ;
  2. la distance à laquelle il se trouve ;
  3. la luminosité et les contrastes de couleur ;
  4. les caractéristiques de l’atmosphère ;
  5. les obstacles.

Aujourd’hui, nous allons parler de la combinaison des points 2 et 5.

Pour commencer, nous écartons de la discussion les obstacles naturels ou non que peuvent constituer par exemple les navires ou les terres émergées en milieu marin. Nous considérons qu’aucun bateau ne vient s’interposer entre nous et l’objectif, ni aucune terre émergée et on suppose, par conséquent, qu’on n’est pas allé lâchement se fourrer de l’autre côté de l’île, quelque part entre les grands sables et le fort du Grognon.

Alors pourquoi diable, sommes-nous en train de parler d’obstacle ?

Eh bien tout simplement parce que la terre est “ronde” (il vaudrait mieux dire “sphérique” et ce serait encore faux vu qu’elle est légèrement aplatie aux pôles) ; de ce fait, à partir d’un certain moment elle constitue elle-même l’obstacle. Expliquons cela par un schéma.

Si un objet est suffisamment loin de la personne qui l’observe, la partie basse disparaît peu à peu sous la ligne d’horizon au fur et à mesure que la distance augmente entre les deux.

Bien entendu les tailles du petit bonhomme et de la tour Eiffel sont exagérées sur ce schéma, mais il est facile de faire le calcul de la ligne d’horizon théorique d’une personne située à une hauteur donnée, dès lors qu’on connaît la taille de la personne et l’altitude à laquelle elle se trouve.

Le schéma(1) donne une formule de calcul approximative mais suffisante pour notre propos(2).

J’invite les élèves de 4e à réviser ici leur théorème de Pythagore. Ils pourront faire le calcul eux-mêmes sachant que le rayon de la terre est en moyenne de 6 371 km (eh oui, je l’ai déjà dit plus haut, la terre n’est pas parfaitement sphérique). Il devrait trouver un coefficient multiplicateur d’environ 12,74 ce qui n’est en effet pas très loin de 13 lorsqu’on sait toutes les approximations que nous pouvons nous permettre dans ces calculs (voir les prochains épisodes).

À partir de là, il devient facile de calculer la distance de l’horizon dans différentes situations. Le tableau ci-dessous en donne quelques exemples.

Hauteur des yeux (en m)Distance horizon (en km)
1,74,7
11,712,3
21,716,8
4022,8
30062,4
Distance à laquelle se situe l’horizon pour un observateur dont les yeux se trouvent à une altitude donnée ; les trois premières lignes correspondent respectivement à une personne d’environ 1,80 m située au niveau de la mer, à 10 m et 20 m d’altitude.

Mais que devient notre tour Eiffel dans tout ça (en admettant qu’elle flotte sur l’eau) ? À partir de quel moment son extrémité passe-t-elle sous la ligne d’horizon du petit bonhomme (c’est peut-être une petite bonne femme d’ailleurs…).

Pour le savoir il suffit de lui appliquer la même méthode en calculant tout simplement la distance à la ligne d’horizon de son sommet. Faisons simple et disons qu’elle mesure 300 m. La ligne d’horizon de quelqu’un observant depuis son sommet serait donc située à environ 62 km.

Elle serait donc sous l’horizon d’une personne dont les yeux seraient à 40 m d’altitude, si cette personne était située à environ 62 + 23 km, soit environ 85 km de distance (à ce stade les centaines de mètres n’ont plus de sens).

Si elle était plus proche, la personne l’observant de loin en verrait-elle un bout qui dépasse ?

Et si elle était plus loin, est-il certain qu’on ne la verrait pas dépasser ?

Et pour nos éoliennes ?

La réponse à ces trois questions est une autre histoire, que nous aborderons dans les prochains épisodes.

La culture est un bien essentiel !

C’est ce qu’ont rappelé avec force les personnes venues en nombre devant le cinéma des familles ce mardi 15 décembre, répondant ainsi à l’appel lancé par la FNCF (Fédération Nationale des Cinémas Français). Rassemblement masqué, Covid oblige, et bon enfant mais néanmoins déterminé, et ce, bien que nous soyons privés pour quelque temps de notre salle, du fait des travaux en cours.

La culture est en effet un bien aussi essentiel que l’air que nous respirons, l’eau ou le chumpot. Il est à peine croyable que dans un état prétendument laïc, des dirigeants puissent penser en toute simplicité que la spiritualité se limite à la fréquentation des églises. Les cinémas ont, depuis des mois désormais, appris à mettre en place les mesures nécessaires pour faire face à la situation et savent parfaitement gérer le déroulement de leurs séances, dans le respect des gestes barrières et des mesures d’hygiène s’appliquant aux locaux.

C’est en tout cas ce que les Groisillons ont pu constater par eux-mêmes au Cinéma des familles, exploité avec rigueur et dévouement par l’association Cinéf’îles.

Je ne voudrais pas terminer ce billet, sans rappeler que la culture ne se limite pas aux cinémas et que l’ensemble du secteur culturel est aujourd’hui en grande partie au bord de l’asphyxie. Il serait temps de réagir avec discernement.

La machine à remonter le temps de la mairie

Dans l’article du 8 décembre nous déplorions que le conseil se tienne « sans public », selon la formulation qui figurait sur le site de la mairie dans un article daté du 5 décembre.

Et puis aujourd’hui… surprise ! ce même article du 5 décembre, dont la date d’édition n’a pas été modifiée et qui ne porte aucune mention de la date de modification dans le corps de l’article, indique finalement que « le public est autorisé à y assister dans la limite de 30 personnes ».

Il semblerait, d’après l’information fournie à certains conseillers, que le préfet n’aurait donné son autorisation que la veille. Alors pourquoi faire croire sur le site de la mairie que la population était avertie de cette opportunité depuis 10 jours, alors que seuls quelques initiés auront été prévenus au dernier moment ? Lesquels ? Comment ? Mystère…

Éoliennes en images, épisode 2 : les échelles comparatives

Une échelle comparative a pour objet d’aider notre esprit à améliorer la représentation qu’il a des dimensions d’un objet inconnu ou dont la dimension donnée ne représente pas grand chose pour nous. L’idée est de comparer cet objet à un autre qui, lui, nous est bien connu et surtout en rapport avec notre vécu, notre expérience personnelle.

Il y a deux conditions pour que la comparaison proposée soit pertinente dans un contexte donné. La première est que les éléments de comparaison fournis soient connus et qu’ils aient un sens pour nous. Nous aborderons la seconde condition un peu plus tard.

Quand la comparaison n’est pas directe mais implique une répétition et donc un nombre, cette condition de connu n’est pas toujours suffisante. Il faut aussi que le facteur multiplicateur ait un sens pour nous. Si on vous dit combien il faudrait empiler de feuilles de papier à cigarette pour obtenir une pile aussi haute que la distance de la terre à la lune, ça ne vous aidera pas beaucoup à appréhender cette distance, même si vous avez déjà vu une feuille de papier à cigarette.

assiette et cuiller

Dînette ? Assiette et cuiller à dessert (ou même petite cuiller) ? Ou bien grande assiette et cuiller à soupe ?
Si l’on regarde la photo ci-contre, sans connaître l’un des éléments qui la compose, il est difficile de se faire une idée de leurs dimensions exactes.

assiette, cuiller et pièce de 1 euro

En revanche, si l’on montre à côté un objet connu, ici une pièce de 1 euro, alors il est possible d’avoir une représentation mentale approximative des dimensions des objets. Cependant, il manque le vécu, on ne pose pas une pièce de un euros à côté de son assiette tous les midis et ça nous demande un effort de raisonnement supplémentaire pour ajuster notre point de vue.

assiette, cuiller et tasse à espresso

Mais si on pose un objet qui non seulement nous est connu mais fait partie d’une scène déjà vécue, et dont la dimension se rapproche de celle des autres objets, alors là l’intuition est immédiate. Si on vous dit que la tasse posée ici est une tasse à espresso alors le reste apparaît d’emblée comme étant une sous-tasse à café et une cuiller à espresso (plus petite qu’une cuiller à café).

Mais revenons à nos moutons et à notre image comparative d’éolienne.

Dessin sur quadrillage (un carreau = 100 m) de la tour Eiffel (324 m), d'une éolienne (260 m avec une pale à la verticale), du bateau Breizh Nevez (16 m de haut) et du phare de Pen Men perché sur sa falaise à Groix (64 m en tout, falaise + phare).
Dessin à l’échelle, comparant une éolienne de 260 m (avec une des ses pales à la verticale) et quelques monuments connus

Ce schéma, réalisé par le collectif « HORIZON GROISILLON », a le mérite de nous donner une représentation de la taille des éoliennes dont il est question, pour ceux qui connaissent la tour Eiffel et surtout, pour les Groisillons qui connaissent bien leur phare. Tel que c’est dessiné on peut dire qu’en gros elle est représentée à moins de 300 m de la côte et, sûr et certain, à voir ceci, nous n’aimerions vraiment pas la voir à cette distance.

Cependant, telle n’est pas la question puisque ce n’est pas le projet. Et tel n’était pas non plus le propos de l’auteur de cette comparaison. La question est alors : qu’apporte cette image effrayante à l’opinion que j’essaie de me faire sur le projet d’éoliennes ? Eh bien, à la vérité, pas grand chose sans un peu de travail supplémentaire. Ce sera l’objet des prochains articles.