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Activité touristique 2020 – Perspectives économiques 2021 (2 sur 2)

Épisode 2 : Et maintenant ?

Avril 2021 : voici une année écoulée et malgré le second confinement, puis le couvre-feu et les nouvelles restrictions de déplacement, trop de commerces doivent garder le rideau baissé. La vie culturelle est en suspens, sans visibilité sur les délais et les conditions de reprise d’activité.

En octobre dernier, les professionnels de Groix commentaient la saison 2020 (voir épisode 1 décembre 2020). Quelle est la situation aujourd’hui, comment se portent les gens, économiquement et moralement ? Comment se préparer à rouvrir, à réembaucher, à respecter les gestes barrières ? Quelles consignes respecter ?

Quelle communication la commune prépare-t-elle en direction de la population, des commerçants et des estivants, qui seront certainement très nombreux à venir, au vu des nombreuses demandes de réservation auprès des hébergeurs et de la compagnie Océane, afin que l’accueil et la vie insulaire se déroulent dans de bonnes conditions ?

Quel accompagnement est mis en place par la commune auprès des professionnels ?

Si les actions récentes liées à la situation sanitaire étaient prioritaires,  il ne faut pas occulter la nécessité de mettre en place une véritable politique touristique et économique, tenant compte de la nouvelle donne générée par la pandémie et ses conséquences. Nous voulons voir renaître une politique de tourisme durable et responsable, en concertation avec tous les acteurs locaux, et les partenaires de l’agglomération du pays de Lorient (CTRL[1], Office de Tourisme), la CCI[2], la Compagnie Océane, l’AIP[3], le département et la région. Les enjeux sont nombreux : maintien des commerces et des emplois, hébergement des saisonniers, gestion de l’offre et de la demande en fonction des flux touristiques, gestion de l’information et de la communication, ainsi que le développement du transport local et la gestion des déplacements en toute sécurité, comme acté par le PLU[4].

L’année passée, les pics de sur-fréquentation ont montré les limites au-delà desquelles les conditions de vie et la sécurité se dégradent. Sans politique de tourisme économique durable, nous risquons de revivre les mêmes désagréments de façon trop récurrente.

À courte échéance, quel comportement collectif adopter ? Quel accueil légal pratiquer dans nos hébergements, dans nos commerces ? Par exemple, quid de l’hébergement des salariés temporaires  sur l’île ? Pourrait-on avoir un référent en mairie, auprès de qui obtenir les  informations officielles et des réponses à nos questions ?

Martine Baron, Étienne Durup

  1. CTRL : Compagnie de Transport de la Région Lorientaise
  2. CCI : Chambre de Commerce et d’Industrie
  3. AIP : Association des îles du Ponant
  4. PLU : Plan Local d’Urbanisme (voté en décembre 2019)

Covid-19 et sorties en mer

Des informations contradictoires ont été données ces derniers temps par les médias et diverses administrations concernant les limitations appliquées aux activités nautiques de plaisance et la plongée.

La préfecture maritime de l’atlantique a clarifié les choses dans un article posté le 2 avril sur son site. La limitation de 10 km ne s’applique pas en mer, mais entre le domicile et le point d’embarquement. On demeure néanmoins soumis aux restrictions horaires communes ; attention donc aux conditions météo qui peuvent influer sur le temps de retour.

Référence : https://www.premar-atlantique.gouv.fr/communiques-presse/nouvelles-mesures-sanitaires-ce-qu-il-faut-retenir-pour-les-activites-nautiques

Ouf ! La mairie publie les résultats du dépistage

C’est un petit succès pour nous, élus et soutiens de l’opposition, mais un joli succès quand même. Car à force de réclamer une information claire de la municipalité à propos de cette flambée de cas de Covid-19 sur notre île comme nous le faisons depuis quelques semaines , le site internet de la mairie a publié le mardi 2 mars les résultats de la campagne de dépistage massif des 23 et 24 février derniers. Avec quelques petites erreurs dont nous ne lui tiendrons pas rigueur,  mais que nous allons pourtant rectifier. 353 tests ont été réalisés, 10 cas positifs ont été détectés soit un taux de positivité de 2,8 % et non de 2 % comme indiqué.

Un détail ? Non bien sûr, car livrer un pourcentage sans les commentaires qui permettent de juger de la gravité ou non de la situation n’a pas grand sens, sauf à vouloir envoyer un message rassurant, quitte à minimiser les chiffres pour forcer le trait et sans que quiconque puisse juger du bien- fondé de l’information. Pour la bonne compréhension de la situation, il faut en réalité comparer la situation de Groix avec ce qui se passe dans d’autres communes ayant déjà mis en œuvre ce type de dépistage. Ce que nous avons fait et que nous allons vous livrer dès à présent. 

Dépistage, Groix se mobilise mieux qu’ailleurs

Tout d’abord une remarque. Certains, membres de l’équipe municipale, commentant le chiffre de 353 volontaires (sur 2 360 habitants) pour le dépistage se désolaient d’une faible mobilisation des Groisillons. Qu’ils se rassurent, et se félicitent même, car à regarder ce qui se passe ailleurs, ces 15 % de participation sont excellents. Qu’on en juge : Le Havre en décembre (220 000 habitants) 11 % de participation, Saint -Etienne, en janvier, (125 000 habitants) 4 % malgré une campagne d’information appuyée sur des messages radio, d’articles dans les journaux, et même de courriers individuels. Région Auvergne, en janvier (8 millions habitants) 7,5 %.

Venons-en au taux de positivité des tests de 2,8 %. Au regard des 7,4 % calculés au plan national, il apparaît très faible, ce dont il y aurait lieu de se réjouir. Sauf que le principe de dépistage massif comme celui qui a été organisé à Groix pousse l’ensemble de la population à se faire tester, ceux qui ont une présomption de contamination comme ceux qui n’en ont pas. De manière sensiblement différente, les statistiques nationales conduisant à ce taux de 7,4 % concernent des patients qui, à la suite de quelques symptômes, soupçonnent une contamination. Comme l’indiquait le ministre de la santé, Olivier Véran, en décembre dernier, le dépistage massif est destiné « à mieux isoler les cas positifs » plutôt qu’à fournir une information précise sur le taux de contamination de la population.

Si l’on regarde ailleurs, on s’aperçoit effectivement que les taux de positivité sont comparables à ceux relevés à Groix. Ainsi, à Châteauneuf-la-Forêt (Haute Vienne), sur 306 personnes testées en janvier 2 % étaient positives ; à Bagneux (Hauts-de-Seine) en janvier, sur 220 tests 0,5 % étaient positifs ; à Chemillé-en-Anjou en février, où un taux d’incidence de 736 a été mesuré, équivalent à celui sévissant à Nice, sur 601 personnes testés, 31 cas étaient détectés soit 5,2 %, etc.

Ne pas mettre Groix sous cloche

Quelle conclusion en tirer ? En application des normes nationales concernant le taux d’incidence, nous sommes classés en situation d’urgence maximum. Avec comme conséquence la fermeture du pôle enfance, de la cantine scolaire, de la mairie, et l’obligation par arrêté municipal de porter un masque en permanence durant les déplacements. Comme le reconnaissent tous les épidémiologistes, tout comme Santé publique France, ce taux d’incidence n’est qu’un indicateur de circulation du virus, rien de moins, mais rien de plus. Moyennant quoi un taux d’incidence compris entre 250 et 500 dans une ville comme Dunkerque (24 000 habitants) n’a pas la même valeur qu’à Groix (2 360 habitants). Il faut y ajouter d’autres critères, comme le taux d’hospitalisation, d’entrée en réanimation, de mortalité, etc. Ce qu’indiquent en revanche les résultats des tests de dépistage massif, c’est que la circulation du virus à Groix est comparable à ce qui se passe ailleurs dans des zones où un cluster a été détecté dans un lieu particulier, à l’Ehpad en ce qui concerne Groix, ailleurs une école, ailleurs encore un hôpital.

Pas de quoi paniquer, ni mettre l’île sous cloche. Néanmoins, des mesures strictes de précaution s’imposent, et ce qui a été mis en œuvre par les autorités préfectorales et municipales va dans le bon sens. Mesures auxquelles nous pourrions ajouter une invitation ferme et répétée de s’isoler en direction de ceux qui ont été récemment dépistés comme étant positifs. 

Rouvrir le pôle enfance et la cantine?

Reste une question, posée par le maire Dominique Yvon dans la presse locale : faut-il maintenir la fermeture du pôle enfance et de la cantine ou rouvrir ? Le bureau du Conseil municipal dont nous, élus d’opposition, ne faisons pas partie, doit en délibérer. Nous versons donc généreusement au débat ce que nous venons d’éclairer dans l’espoir de contribuer aux – bonnes – décisions.

COVID. Au moins 50 cas sur Groix selon l’ARS

Et voilà. Il aura fallu attendre deux semaines pour que l’ARS (Agence régionale de santé) communique à la mairie le nombre de cas de Covid-19 déclarés sur l’île. « Avant le week end, l’ARS nous a fait savoir qu’au moins 50 cas étaient recensés variant anglais » a communiqué la municipalité lundi 22 dans un message adressé à l’ensemble des conseillers municipaux. 

Merci donc de nous avoir communiqué cette information qui semblait confidentielle jusque’à présent. La pression que nous, élus de l’opposition,  avons exercé sur la mairie pour obtenir des informations ont porté leur fruit. Mais peu importe, seul l’intérêt collectif prime.

Deux remarques néanmoins s’imposent.

La première concerne la communication de la mairie à destination du grand public. Informer les élus, c’est très bien. Mais pourquoi l’ensemble des citoyens n’auraient-ils pas accès à l’information dès lors que les données ne sont pas nominales, donc non protégées par le secret médical. Car à cette heure (lundi 17 h 30), le site de la mairie ne la donne toujours pas. Pourquoi cette rétention?

La seconde concerne plus directement l’ARS. Elle a décidé d’organiser un dépistage massif à partir de mercredi 24 février. Fort bien. Mais nous souhaitons vivement qu’à l’issue de cette campagne de tests, les résultats soient rendus publics. Pourquoi?

D’abord parce de l’affichage clair des objectifs recherchés à travers cette campagne dépend l’adhésion de la population, sans panique ni psychose. Ensuite parce que la publication aussi rapide que possible des résultats permettra à chacun de mesurer la réalité de la circulation du virus sur l’île et d’agir en conséquence, en toute conscience.

Les vraies raisons de la fermeture du Pôle Enfance et de la cantine scolaire…

… que les habitants de Groix auraient aimé connaître  en temps réel.

C’est désormais officiel, selon Santé publique France, sur l’île de Groix, le virus Covid-19 est installé, et actif. En effet, selon les dernières statistiques publiées par l’office gouvernemental, Groix est classé « zone en alerte maximum » depuis la semaine dernière. Car, toujours selon Santé publique France, la progression du taux d’incidence  – autrement dit le nombre de cas détectés rapporté au nombre d’habitants – a fait virer le territoire de la couleur bleu clair au bleu foncé indiquant un taux d’incidence compris entre 250 et 500 (voir la carte ci-dessous et consulter le site du Télégramme pour consulter l’historique de l’évolution commune par commune).

Or, selon les informations publiées dans la presse locale (Le Télégramme du 5 février 2021), si 13 personnes ont été testées positives dans la semaine du 29/01 au 5/02, 6 de plus ont été détectées la semaine suivante. Et c’est ainsi que le taux d’incidence pour la semaine du 05/02 au 12/02 est passé à 269, faisant entrer l’île dans la catégorie définie en octobre dernier par le gouvernement des « zones en alerte maximum ». 

Les conséquences du classement en “zone en alerte maximum”

Les plus optimistes diront qu’on ne dénombre à ce jour (le 16/02) aucune hospitalisation, preuve que si le virus circule fortement, la situation sanitaire n’est pas aussi grave que les mesures de fermeture du pôle santé et de la cantine scolaire pourraient le laisser croire. Et ce d’autant plus  que de telles décisions, lourdes pour les familles concernées, ne sont pas accompagnées d’informations claires et pédagogiques. Ces mêmes optimistes n’ont pas forcément tort si l’on en croit l’épidémiologiste de référence Catherine Hill (qui a acquis sa notoriété depuis qu’elle a mis à jour le nombre de victimes du Médiator à partir des données de l’Assurance maladie en 2010) qui estime que le taux d’incidence est trompeur et dépend du nombre de personnes testées. « Le fait qu’il y ait une pléthore d’indicateurs est une preuve qu’il y a un problème. Il faut être méfiant avec tous les indicateurs qui reposent sur la positivité des tests, ils sont problématiques parce qu’ils dépendent de la proportion de la population qui est testée. » expliquait-elle  à France Info en juillet dernier. Et la petite taille du territoire de Groix pourrait être un biais supplémentaire.

Il n’empêche, le passage à la couleur bleu foncé de Groix ne concerne que peu de territoires du Morbihan, preuve de la situation particulièrement tendue ici. Il en résulte, selon les règles fixées par le gouvernement pour les « zones en alerte maximum », que tous les lieux recevant du public à Groix doivent être fermés.

Les Groisillons veulent savoir pourquoi

Dès lors, la municipalité de Groix n’avait pas vraiment le choix. 

Dont acte. 

Mais pourquoi n’a-t-elle pas pris la peine d’expliquer largement les raisons de sa décision, laissant tout un chacun se débrouiller par ses propres moyens pour s’informer au risque de ne pas comprendre et de paniquer ? Trois lignes sur le site internet de la mairie ordonnant la fermeture de ces établissements suffisent-elles à emporter l’adhésion de la population dans le contexte d’une crise sanitaire qui dure, qui semble mal maîtrisée par les responsables politiques, qui angoisse d’aucuns et exaspère les autres ? Nous, élus d’opposition et membres du conseil d’administration de l’Avenir de Groix, pensons que non. Nous sommes convaincus que les citoyens sont des gens responsables, prêts à se conformer aux consignes sanitaires s’ils en comprennent les fondements. Or cette compréhension ne peut découler que d’une information claire et appropriée.

Les appels à la responsabilité, les incitations au respect des gestes barrière auront le meilleur des impacts s’ils sont bien compris par la population. Il ne suffit pas de culpabiliser les citoyens et de distribuer des amendes en cas de non-respect des consignes,  il faut les informer, leur expliquer, faire œuvre de pédagogie pour emporter l’adhésion.

Dès les premières heures qui ont suivi la connaissance du nombre de cas détectés, nous avons pris position et appelé à une vigilance renforcée, agissant en cela en élus responsables, bien avant que la mairie ne réagisse. Nous ne pouvons que renouveler notre appel, tout en l’accompagnant des informations nécessaires à leur acceptation. Certes, pour les fournir, il nous a fallu effectuer quelques recherches, délicates, parmi la masse de données de Santé publique France. La municipalité avait tous les moyens d’effectuer la même démarche, et même bien plus que les modestes élus que nous sommes. Elle a raté l’occasion, une fois encore.

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Les élus d’opposition appellent à une vigilance sanitaire renforcée

Plus d’une dizaine de résidents de l’EHPAD détectés positifs à la Covid-19, un décès d’une personne atteinte âgée de 98 ans, des suspicions de contamination du côté du personnel, bref, l’EHPAD de Groix est en situation de crise.

Ne cédons pas à la panique pour autant, comme si une fois entré par l’EHPAD, le virus allait se répandre telle une traînée de poudre sur l’île, contaminant toutes et tous, jeunes comme vieux, sur son passage.

En réalité, cette flambée épidémique locale nous ramène à la raison, alors même que la municipalité laisse entendre depuis un an que nous serions protégés grâce à notre situation insulaire. Rien n’est plus inexact, et tout relâchement dans les comportements de prévention qui découle de cette naïveté relève de la négligence. Combien de fois avons-nous entendu qu’ici, à Groix, il n’était pas nécessaire de se protéger, de porter de masque, de se désinfecter les mains, d’éviter les contacts sociaux, etc. Voilà la réalité : le virus circule partout, sur le continent comme sur notre île, petit territoire avec ses fragilités inhérentes.

Mais, à la différence d’autres territoires, nous bénéficions de quelques atouts majeurs nous  permettant de rester confiants.

  • Nous disposons d’équipements médicaux flambant neufs et performants et de personnels soignants que bien des collectivités pourraient nous envier.
  • À l’évidence, la direction et les personnels de l’EHPAD ont mis en œuvre dès les premiers signaux d’alerte via les protocoles adaptés à la crise avec maîtrise et célérité, y compris en informant rapidement et régulièrement les familles des résidents qui reçoivent un bulletin quotidien. Leur compétence, leur dévouement, leur rigueur et leur sens de l’intérêt commun sont mobilisés afin de limiter les risques de propagation du virus à l’intérieur de l’EHPAD comme à l’extérieur. Nous leur apportons tout notre soutien, tous nos encouragements ainsi que tous nos remerciements pour leur action.
  • Enfin, l’arrivée probable de vacanciers, par la situation particulière qu’elle crée, nous oblige à un sursaut de vigilance pour que les consignes soient, plus que jamais, respectées par toutes et tous. La municipalité doit le considérer comme un devoir prioritaire, d’autant que la population la plus exposée au risque dont l’âge est supérieur à 65 ans ne cesse de croître sur l’île (+16% de 2007 à 2012 selon le dernier recensement de l’INSEE publié en décembre dernier). Le Maire aurait pu le faire, sans attendre les consignes du Préfet du Morbihan qui, dès le samedi 6 février impose le port du masque dans toutes les communes et recommande la plus grande vigilance.

En tant qu’élus de l’opposition, nous apportons tout notre soutien aux habitants de Groix et tout particulièrement aujourd’hui aux résidents de l’EHPAD et à leurs familles. Nous avons pleinement conscience que la mission des personnels de l’EHPAD ne pourrait être menée à bien comme elle l’est aujourd’hui, sans la mobilisation de toutes les professions médicales et paramédicales de l’île, ainsi que des femmes et hommes des sauveteurs en mer et du corps des sapeurs pompiers de Groix. Nous tenons également à les remercier chaleureusement.

Marie-José Mallet, Victor Da Silva, Jean-Claude Jaillette

La communication défaillante de la Mairie face à la Covid-19

Il aura fallu 36 heures au maire de Groix, Dominique Yvon, pour réagir à la révélation d’un cluster de Covid-19 à l’Ehpad. Car un peu plus de 36 heures se sont écoulées entre le moment où l’arrivée des résultats des tests PCR pratiqués sur les résidents (47 personnes) et les personnels (41 personnes) ont été connus et le moment où le maire a officiellement fait état de la gravité de la situation. Et il aura fallu quelques heures, 7 exactement, pour que cette mise au point soit publiée en réponse à un courrier adressé par l’opposition et ses trois élus, réclamant sans délai des éclaircissements sur des rumeurs qui circulaient depuis la veille.

En effet, dès le jeudi 4 au matin, 9 cas supplémentaires touchant les résidents étaient détectés portant à 12 le nombre total de personnes contaminées (soit une augmentation de 300 % !). Et il a fallu attendre vendredi 5 février à 19h07 exactement pour qu’un mail signé de Dominique Yvon parviennent à l’ensemble des élus.

L’information de la population, priorité absolue

« 36 heures c’est peu, et le signe d’une réaction rapide » diront certains. Sauf que dans ce cas d’espèce c’est beaucoup. Pourquoi ?

D’abord, parce que dans notre petite communauté de Groisillons, la proximité avec l’Ehpad via les familles est forte, notamment par l’intermédiaire des cas contacts. Moyennant quoi l’information d’une flambée localisée a circulé à la vitesse de la lumière, alimentant les rumeurs et les polémiques. Une information officielle à destination de tous aurait été préférable d’emblée.

Ensuite parce que, dans un climat général de peur, l’information en temps réel est capitale pour éviter les rumeurs. La population, et tout particulièrement les familles des résidents de l’Ephad,  a besoin de savoir dès la confirmation de la découverte des cas que le protocole sanitaire de crise est mis en route par le personnel de l’Ehpad et les responsables médicaux. Elle a besoin de savoir que les personnes contaminées sont placées à l’isolement, les cas contacts recensés et isolés, le matériel nécessaire à l’oxygénation des malades mis en place, le personnel renforcé et la veille assurée.

A cet égard, il est surprenant que les premiers informés aient été, dans l’ordre, la presse régionale, puis les élus, alors que les premiers concernés sont les habitants de l’île. Comme si la mairie ne disposait pas de moyens d’information efficaces, son site internet par exemple qui le samedi 6 février au matin titrait toujours sur la vaccination des plus de 75 ans prévue à la salle des fêtes les 11 et 12 février et la qualité de l’eau de mer en ces temps de pluies diluviennes. Important, mais était-ce l’urgence du jour ?

Voilà comment 36 heures ont été perdues pour l’information claire des Groisillons. Regrettable.

Vers où voguez-vous ainsi ?

D’inaction en réactions, la rétraction des droits continue, la liberté d’aller, la liberté de commercer. Ainsi de décret en décret, d’ajustements en injustices, de mirages en cauchemars, de vessies en lanternes et, pour finir, de Charybde en Scylla, Ubu Roi mène la barque tel Charon, le nocher des enfers, répétant inlassablement son antienne mortifère.

Vous êtes dans la barque avec moi
Et tout ira bien car Je suis là.
Dormez bonnes gens !
Ne jetez pas de regards concupiscents
Sur les livres, les jeux, les vêtements.
Dormez, bonnes gens !
Avec les deux oboles en guise d’œillères,
Pesant sur vos paupières,
Vous ne risquez rien,
Vous êtes en de bonnes mains.
Dormez bonnes gens !
Inutile de regarder ailleurs,
Le bonheur est un leurre,
Ne laissez pas vos yeux s’ouvrir,
Sentez-vous vos paupières s’alourdir ?
Dormez bonne gens !
Mais… quelle est cette odeur putride ?
Vite à vos masques livides !
Mais surtout…
Dormez bonnes gens !

Au pays de Covid-19 UBU est bien roi !

D’après un article du Monde, « le gouvernement a annoncé vendredi soir que les rayons livres et culture des grandes surfaces alimentaires et spécialisées seraient « momentanément fermés dès ce soir », par « souci d’équité entre grandes surfaces et les librairies indépendantes ». ».

Si je comprends bien la logique de ces dernières décisions ajoutées à celles prises initialement, concernant le type de commerces qui peuvent demeurer ouverts :

  • il ne faut pas faire de concurrence déloyale aux libraires ;
  • mais les disquaires qui existent encore (il ne doit plus y en avoir beaucoup) peuvent bien finir de crever ;
  • la littérature est un élément de culture indispensable ;
  • mais pas la musique ;
  • il est indispensable de pouvoir changer son smartphone ;
  • mais on ne peut pas faire réparer sa guitare chez le luthier du coin, car, tout le monde peut l’imaginer, le luthier du coin est bondé comme une rame de la ligne 13 du métro parisien à 8h00 du matin ;
  • etc.

Mon propos n’est pas d’opposer les objets et pratiques d’épanouissement culturel et il en est d’ailleurs bien d’autres comme les films, les jeux, les activités manuelles et/ou artistiques, et j’en passe. J’ai beau essayer de comprendre la logique des décisions prises et leur enchaînement, je ne perçois que l’image d’un poulet sans tête qui zigzague de façon erratique (il faut bien reconnaître que sans tête ce n’est pas facile).

Car enfin, où se trouve la logique qui consiste à demander aux gens de s’enfermer chez eux tout en leur coupant l’accès au biens culturels qui permettraient de rendre plus supportable, utile, voire salutaire pour leur santé mentale, le long temps qu’ils passent ainsi confinés ?

Les libraires ont eu raison de se révolter. Mais au lieu de tirer la conclusion qu’il est peut-être non seulement contre productif, voire dangereux, de couper l’accès à la culture et que, après tout, les libraires ne sont pas plus bêtes que les autres pour organiser le respect des règles sanitaires, ne voilà-t-il pas que nos dirigeants n’ont rien trouvé de mieux que la mise sous scellés façon Christo des rayons concernés des grandes surfaces. Je me demande ce qu’ils n’ont pas compris dans le mot « confinement »… à moins que le mot leur soit connu mais pas le concept sous-jacent.

La façon dont ces décisions sont prises à chaque fois sous la pression de tel ou tel lobby, ou encore en réaction à tel ou tel événement ponctuel, sans que jamais la vision d’ensemble ne soit questionnée rappelle étrangement ce jeu avec les petits clowns plats qu’on accrochait les uns aux autres ; comment s’appelait-il déjà ? Ah oui… Patatras !

Mise à jour 5 novembre : les règles ont encore changé ; elles changent d’ailleurs sans arrêt entre les décrets modificatifs et les erreurs d’interprétation de ceux qui les appliquent. La conclusion ci-dessus n’en est donc que toujours plus vraie, hélas.